Après plus de 48 h de privation de liberté, 10 des 12 activistes interpellés viennent d’être relâchés. Cette interpellation fait suite à l’action de Greenpeace France dans le périmètre de la centrale de Gravelines. Depuis 9 h ce matin, un rassemblement a eu lieu devant le Tribunal judiciaire de Dunkerque, à l’initiative de plusieurs organisations locales venues soutenir les activistes.
Le tribunal a informé les militants de la tenue d’un procès le 3 mars 2025 à 13h30 pour intrusion dans une installation civile abritant des matières nucléaires en réunion. EDF a porté plainte [1].
Après avoir passé deux nuits en garde-à-vue, les activistes ont été déférés au petit matin, au Tribunal judiciaire de Dunkerque, sur demande de la procureure de la République. Le premier militant sorti a été privé de liberté en totalité 52 h.
Greenpeace France rappelle que l’action de lundi matin dans le périmètre de la centrale de Gravelines porte un message d’intérêt public sur les risques de submersion marine et d’inondations sur la centrale de Gravelines, un territoire cumulant les vulnérabilités climatiques, industrielles et nucléaires. Pour Greenpeace France, au regard des prévisions des scientifiques et des larges incertitudes des différents scénarios climatiques, il est trop dangereux de construire deux nouveaux réacteurs nucléaires sur ce site, comme EDF l’ambitionne.
Alors qu’EDF a refusé de répondre aux interrogations de Greenpeace France envoyées durant l’été concernant la prise en compte des impacts du dérèglement climatique sur le choix du site de Gravelines et la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, Greenpeace France a creusé le sujet et épluché le dossier de projet d’EDF, ce qui a abouti à la publication d’un rapport le 3 octobre dernier démontrant la sous-estimation de la gravité du dérèglement climatique et des risques inhérents dans ce projet de construction de nouveaux réacteurs.
Greenpeace France s’est également investie dans les espaces de consultations et notamment du débat public à Gravelines qui est en cours, et a réitéré ses questions pour obtenir des informations sur les risques d’inondations et sur les dispositifs de protection prévus pour les nouveaux réacteurs, en amont des réunions concernant la sûreté nucléaire (thème du 19 novembre) et le dérèglement climatique (thème du 10 décembre). Après l’action de lundi, des médias ont indiqué qu’EDF ne souhaitait pas donner son commentaire.
Pour Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique à Greenpeace France :
« EDF fait fi de nos interrogations concernant les risques qu’engendrerait la construction des deux réacteurs EPR2 à Gravelines, pour la population, les travailleurs et travailleuses de la centrale et pour l’environnement. Dans la lignée de son comportement lors du débat public pour son projet analogue à Penly, elle envoie clairement un signe de mépris vis-à-vis des questionnements du public, que ce soient des ONG ou des habitant·es.
EDF opère une stratégie de diversion en attaquant en justice les militant·es sur la forme de leur action, pour mieux se défiler sur les questions de fond. EDF perd encore des points de confiance. EDF n’arrivera pas à bâillonner les lanceurs et lanceuses d’alerte. »
Pour Marie Dosé, avocate des activistes :
« Les mesures de garde à vue sont injustifiées et n’ont qu’un seul dessein : dissuader les militants d’alerter les populations sur un sujet d’intérêt général. Tous auraient pu faire l’objet d’une audition libre mais, une fois encore, l’autorité de poursuite a préféré les faire dormir deux nuits dans des cellules et les déférer en toute hâte au tribunal. »
Deux activistes sont encore au tribunal à l’heure d’envoi de ce présent communiqué de presse.
[1] Plus d’informations vous seront transmises, sur demande, sur les motifs exacts de la plainte.