Par la voix de sa présidente, Ursula Von der Leyen, la Commission européenne a présenté aujourd’hui un “Pacte vert” (Green Deal) devant le Parlement européen, qui devra aboutir à une législation européenne sur le climat en mars prochain. A la veille du Conseil européen et alors que la COP25 se poursuit à Madrid, ce “Pacte vert” insuffisant donne malheureusement le ton d’une position européenne beaucoup trop faible sur le climat, qui met en péril l’accord de Paris.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat à Greenpeace France : « Alors que la crise climatique s’accélère, la Commission européenne s’embourbe dans une course de lenteur. Les objectifs retenus sont incompatibles avec les dernières recommandations scientifiques. L’Union européenne doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’au moins 65% d’ici 2030, soit bien plus que la réduction de -50% à -55% proposée. Elle doit atteindre la neutralité carbone en 2040 au plus tard – et non pas en 2050. Avec ce pacte vert, l’Union européenne échoue à rattraper son retard par rapport aux objectifs de l’accord de Paris ».
Un “Pacte vert” qui fragilise la prochaine COP à Glasgow
Lors de la COP21, les Etats s’étaient engagés à trouver un accord sur la rehausse de leurs objectifs climatiques d’ici mars 2020. Or, la Commission européenne propose que l’étude de l’impact d’une telle rehausse ne soit réalisée qu’à l’été 2020. Cela signifie que l’Union européenne arrivera vraisemblablement les mains vides à la COP26 de Glasgow, qui doit pourtant marquer le début de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. C’est donc un travail de sape délibéré qui est aujourd’hui mené par la Commission. Les chefs d’Etat réunis au Conseil européen doivent impérativement redresser la barre : leur responsabilité est immense, les attentes de la jeunesse et des peuples sans précédent.
« La faiblesse de la dynamique européenne sur le climat est le reflet de l’inaction de ses Etats membres au niveau national : la France en est l’exemple typique, avec des émissions de gaz à effet de serre qui ont dépassé les limites fixées par la loi depuis la signature de l’accord de Paris en 2015 », ajoute Clément Sénéchal.
Le dogme de la croissance plutôt que la réduction des gaz à effet de serre
« Avec ce Green Deal, la Commission européenne montre une nouvelle fois qu’elle ne veut surtout pas remettre en cause le système économique néolibéral, qui rend pourtant inatteignables les objectifs de l’accord de Paris », souligne Clément Sénéchal.
Selon l’Agence européenne pour l’environnement, l’Union européenne n’atteindra pas la durabilité « en continuant à promouvoir la croissance économique et en cherchant à gérer les impacts environnementaux et sociaux ». Elle doit repenser « non seulement les technologies et les processus de production, mais aussi les modes de consommation et les modes de vie ». Il appartient donc à la Commission de transformer fondamentalement les politiques qui permettent d’accumuler des profits à partir de biens et services destructeurs pour le climat.