Paris / Bourges, le 9 avril 2009. A 14h comparaissent vendredi 10 avril devant un tribunal militaire à Bourges 12 militants de Greenpeace. Le 27 mars 2007, ils avaient pénétré sur la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire et escaladé l’une des deux tours de refroidissement pour y peindre le slogan « EPR=Danger ». En pleine campagne présidentielle, cette action avait pour but d’interpeller l’opinion publique et les candidats sur l’EPR, le réacteur nucléaire le plus dangereux et l’un des plus coûteux du monde.
Une semaine après l’explosion du scandale d’espionnage de Greenpeace impliquant EDF, ce passage devant un tribunal militaire est un signe de plus de la volonté des autorités d’étouffer le débat sur la place du nucléaire en France.
« Parce que nous essayons de provoquer le débat, de jouer notre rôle de lanceur d’alerte, nous sommes espionnés ou amenés devant un tribunal militaire, s’indigne Frédéric Marillier, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace. C’est inadmissible ! Le procureur nous reproche d’avoir porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation : la peine de prison encourue par les 12 militants est très lourde et totalement disproportionnée : ils n’ont fait qu’essayer d’entrouvrir la porte blindée du débat démocratique sur la place du nucléaire en France… Les intérêts de la nation ne sont pas ceux d’EDF et d’Areva ! »
« La pénétration dans un site intéressant la défense nationale reprochée aux militants de Greenpeace est un délit politique, rappelle Maître Alexandre Faro, avocat de Greenpeace. La Cour d’appel de Bourges a déjà annulé un premier jugement du tribunal correctionnel qui avait condamné en juillet 2007 les militants à une peine de 3 mois de prison avec sursis car les poursuites avaient été mal engagées. Cette affaire revient aujourd’hui alors qu’EDF n’a toujours pas fait connaître le montant des dommages et intérêts qu’elle réclame et qui risquent d’être exorbitants ! »
Rappelons qu’au printemps 2007, en pleine période électorale, la plupart des candidats (Royal, Bayrou, Voynet, Bové, Besancenot…) s’étaient déclarés opposés à la signature dans la précipitation du décret autorisant la construction d’un réacteur EPR à Flamanville. Tous ces candidats appelaient par ailleurs de leur vœu un véritable débat démocratique sur une décision engageant l’avenir de la France et du monde. Or, onze jours avant le premier tour des élections, le 11 avril 2007, le gouvernement Villepin avait signé le décret en catimini. La messe était dite. Nucléaire et transparence démocratique semblent décidemment antinomiques.
L’EPR : un naufrage annoncé
Deux ans plus tard, le chantier de Flamanville s’avère, tout comme son grand frère finlandais, un véritable fiasco : budget explosé de 20%, retards considérables. La vérité saute aujourd’hui plus que jamais aux yeux : l’EPR est inutile d’un point de vue énergétique, puisque la France exporte déjà de l’électricité, il est très coûteux, il est très peu créateur d’emploi et il est très dangereux. Enfin, le recours au nucléaire étouffe la mise en œuvre de toute vraie solution face aux changements climatiques. Sans la moindre concertation, ni la moindre expertise économique, Nicolas Sarkozy vient pourtant d’annoncer le lancement d’un 2e EPR sur le site de Penly (Seine-Maritime).
« En France, toute puissance nucléaire qui cherche à exporter son savoir-faire partout dans le monde, on risque gros à dire la vérité ! conclue Frédéric Marillier. Pourtant, la crise climatique est là…. La crise économique est là. Face à ces deux urgences, il faut le dire et le répéter : le recours au nucléaire n’est pas une solution ! »