Greenpeace interpelle le ministre de l'Agriculture et de la Pêche : le thon rouge ne peut pas attendre !
Paris, 27 février 2010 – Alors que s’ouvre le salon de l’agriculture, Greenpeace tient à rappeler que le thon rouge doit rester une priorité sur l’agenda politique du Ministre. Cette nuit, six villes de Haute Normandie, région où Bruno Le Maire est candidat, ont été recouvertes d’affiches portant le slogan « M. Le Maire, le thon rouge ne peut pas attendre ! »
Les murs de Haute Normandie rappellent que « le thon rouge ne peut pas attendre »
2500 affiches ont été posées cette nuit sur toute la Haute Normandie, région où Bruno Le Maire est candidat. Les murs du Havre, de Rouen, d’Evreux, de Vernon, de Louviers et de Dieppe, les principales villes de la région, servent ce matin de support au message que Greenpeace veut faire passer à Bruno Le Maire. Cet affichage massif est destiné à lui rappeler, alors que s’ouvre le salon de l’agriculture à Paris, qu’il est certes ministre de l’Agriculture, mais aussi de la pêche, et que le sort du thon rouge n’est pas encore réglé dans le cas de la France.
« L’Italie a pris un moratoire sur la pêche industrielle, appliquant le principe de précaution pour ne pas causer plus de dommages avant l’interdiction du commerce international » rappelle François Chartier, chargé de campagne Océans. « La France fait bien pâle figure à côté de son voisin italien, et apparaît comme un acteur irresponsable ».
Bruno Le Maire délivre toujours autant de permis de pêche aux industriels !
Alors qu’un plan ambitieux de sortie de flotte avait été annoncé depuis plusieurs mois, 28 thoniers, soit le même nombre de navires qu’en 2009, ont reçu un permis de pêche et un quota. La Commission européenne s’est positionnée pour l’interdiction du commerce international de l’espèce, mais le ministre de l’Agriculture persiste dans son refus de voir la réalité en face. Du point de vue de la rentabilité économique, la situation actuelle est une aberration complète. En effet, le quota pour les thoniers senneurs de Méditerranée est de 1700 tonnes pour 2010, contre 3000 tonnes en 2009 : le quota diminue mais pas le nombre de bateaux !
« Cela signifie que très majoritairement les thoniers vont partir en mer pour une saison ramenée à un seul mois, et qu’ils vont perdre de l’argent. A moins que les profits des senneurs ne se fassent dans la pêche illégale ? » demande François Chartier. « Bruno Le Maire ignore la menace sur l’espèce, pire, il ne tient pas compte de la réalité économique : il y a trop de bateaux et un moratoire est la seule solution. »
Le thon rouge est une espèce menacée aujourd’hui
Rappelons que selon le comité scientifique de l’Iccat, organisation qui gère la pêche au thon, il reste moins de 15% de la population d’origine du thon rouge, celle d’avant la pêche industrielle. C’est un critère objectif, retenu par ces mêmes scientifiques, pour considérer le thon comme une espèce menacée, qui mérite un classement en annexe 1 de la Cites. Les études partielles par survol d’une zone, comme celles réalisées dans le Golfe du Lion fin 2009, ne sont pas suffisantes pour évaluer globalement l’état de la population de thons en Méditerranée.
« Nous ferons tout notre possible pour arrêter le pillage de cette ressource », conclut François Chartier, « et pour que les pêcheurs artisanaux puissent continuer leur activité de façon durable. Il faut pour cela prendre les mesures de protection qui s’imposent, pour qu’il reste des thons à pêcher ! »