Brasilia, Brésil le 18 juin 2008– L’association des revendeurs de soja (Abiove) (1), a annoncé qu’elle avait décidé, en accord avec le ministre brésilien de l’Environnement, Greenpeace et d’autres ONG,de prolonger le moratoire sur le soja en Amazonie jusqu’en juillet 2009. Greenpeace se réjouit de cette annonce. Le moratoire, en vigueur depuis juillet 2006, interdit tout achat de soja provenant des zones récemment déboisées de l’Amazonie et empêche les agriculteurs de recourir à des travailleurs forcés ou précaires.
En 2006, Greenpeace avait documenté la déforestation (2) en Amazonie et mené campagne pour la mise en place d’un moratoire sur l’implantation de nouvelles cultures de soja dans des zones fraîchement déboisées. Le moratoire a été obtenu grâce aux investigations de l’ONG prouvant que la culture du soja était devenue une nouvelle menace pour l’Amazonie.
Cette année, plusieurs producteurs de soja ont tenté de se servir du coût croissant des matières premières agricoles pour pousser Abiove et les revendeurs à ne pas prolonger le moratoire. Certains invoquaient même la crise alimentaire mondiale pour justifier la poursuite de la déforestation en Amazonie.
« Dans le contexte d’augmentation des prix des matières premières et de la crise alimentaire actuelle, cette décision de prolonger le moratoire prouve que le gouvernement et l’industrie ont désormais compris qu’il est possible de protéger la forêt et combattre les changement climatiques tout en assurant la production alimentaire », a déclaré Paulo Adario, responsable de la campagne Amazonie de Greenpeace Brésil.
Greenpeace s’allie à d’autres ONG pour continuer à aider Abiove à instaurer une gouvernance efficace pour l’industrie du soja en Amazonie. Pourtant, une seule année de prolongation ne permettra pas de créer les outils nécessaires pour s’assurer que la production de soja ne débouche pas sur la poursuite de la déforestation.
Une alliance de sociétés consommatrices de soja, dirigée par Mc Donald’s, Marks & Spencer et Carrefour, s’est également réjouie de cette décision et a réitéré dans une déclaration commune sa volonté de rester fortement engagée dans ce domaine.
L’implication directe du gouvernement brésilien est essentielle pour fournir un cadre permettant aux agriculteurs de respecter cette loi. « Nous sommes ravis de voir le ministre de l’Environnement jouer un rôle actif dans la prolongation du moratoire. Des soutiens de si haut niveau permettent à Abiove et aux revendeurs de soutenir cette initiative. Son soutien constitue aussi un avertissement pour ceux qui continuent de détruire les forêts et les prévient que leur soja sera rejeté par le marché », conclut Paulo Adario.
La destruction des forêts tropicales engendre près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre, occupant ainsi la deuxième position après le secteur énergétique. 75 % des émissions du Brésil proviennent de la déforestation, ce qui en fait le quatrième plus gros émetteur de gaz à effet de serre dans le monde.
(1) Rapport Eating up the Amazon, disponible en anglais
(2) Les membres de l’ABIOVE et l’ANEC se partagent plus de 90 % du commerce de soja brésilien.