L’enquête publique autour du projet d’exploration pétrolière de Total au large de la Guyane s’ouvre aujourd’hui. Cette consultation publique, organisée en plein été, va durer jusqu’au 23 août et permettra aux Guyanais de questionner le projet de Total intitulé Guyane Maritime. Elle intervient quelques semaines seulement après l’expédition de Greenpeace qui a permis d’officialiser la présence du Récif de l’Amazone dans les eaux guyanaises. Le Récif de l’Amazone est un écosystème unique composé de corail, d’éponges et d’algues calcaires, menacé par les projets pétroliers de Total au large de l’embouchure de l’Amazone.
« Rappelons que Total n’a pas encore les autorisations pour forer au large de la Guyane. Fin mai, l’Autorité Environnementale française a d’ailleurs rendu un avis critique soulignant des lacunes de l’étude d’impact déposée par Total. Aujourd’hui, c’est au tour des Guyanais de s’exprimer et nous appelons la société civile à faire entendre sa voix sur ce projet » explique Edina Ifticène, chargée de campagne Océans à Greenpeace France.
Dans une note publiée aujourd’hui, Greenpeace note plusieurs points d’inquiétude sur l’étude d’impact remise par Total en vue d’obtenir les autorisations de forer à 150km des côtes guyanaises, à plus de 2 000 mètres de profondeur.
Les conditions océanographiques dans la région sont extrêmes et peu propices au développement de projets de forage maîtrisés, du fait notamment de courants marins parmi les plus forts au monde. Pourtant, dans un tel contexte, le pétrolier ne prend pas assez en compte les risques liés à la technique de forage ultra profond. Or, plus les forages sont profonds, plus les risques augmentent.
En cas de marée noire, Total prévoit de faire venir depuis Rio un dôme de confinement pour boucher le puits en fuite. L’acheminement de ce dôme prendrait trente jours ! L’hypothèse d’une fuite continue d’hydrocarbures dans la région pendant trente jours est préoccupante aussi bien pour les écosystèmes marins que pour les populations côtières. Dans son étude d’impact, le pétrolier explique aussi qu’il aura recours à des dispersants chimiques, potentiellement létaux pour les espèces marines.
Autant de raisons qui font craindre à Greenpeace les conséquences de ce projet d’exploration pétrolière sur les écosystèmes vulnérables de la région comme le Récif de l’Amazone ou les mangroves côtières. Dans son étude d’impact, Total reconnaît elle-même la présence du récif dans les eaux guyanaises : « Le récif biogénique amazonien s’étend vraisemblablement vers la Guyane […], l’étendue de ce système récifal mésophotique n’est probablement pas limitée dans sa partie nord à la Guyane, mais s’étend certainement jusqu’au Venezuela, voire au-delà » et d’ajouter « ils [ces récifs ndlr] joueraient un rôle considérable dans la productivité des pêcheries locales, en particulier celles de vivaneau et de langouste, […] et sont considérés comme un corridor biogéographique sélectif entre les Caraïbes et le sud de l’Océan Atlantique » [1].
Pour Edina Ifticène, « Total n’apporte aucune réponse satisfaisante sur la manière de mener des forages dans des conditions extrêmes tout en assurant la protection des espèces marines, du Récif de l’Amazone et des côtes environnantes. Aujourd’hui, il y suffisamment d’éléments problématiques dans cette étude d’impact pour que Greenpeace remette, dans le cadre de l’enquête publique qui vient de s’ouvrir, un avis négatif sur le projet de Total au large de la Guyane ».