Huile de palme : nouvelles preuves de déforestation en Indonésie

Forêts

Une nouvelle enquête de Greenpeace International démontre que ni les certifications prétendument durables, ni les engagements volontaires unilatéraux des entreprises utilisant de l’huile de palme ne sont suffisants pour stopper la destruction des forêts. C’est la preuve que les Etats, notamment la France, doivent aujourd’hui prendre leurs responsabilités en mettant en place des régulations plus contraignantes dans le secteur de l’huile de palme.

Concession PT Megakarya Jaya Raya (PT MJR) pour la production d’huile de palme en Papouasie, Indonésie. © Ulet Ifansasti / Greenpeace

D’après des analyses satellites de Greenpeace, près de 4 000 hectares de forêts tropicales indonésiennes ont été détruits en Papouasie sur la concession de PT Megakarya Jaya Raya (PT MJR) entre mai 2015 et avril 2017 – une surface équivalente à plus de 5 500 terrains de football. La déforestation touche notamment à des zones de tourbières que le gouvernement indonésien avait identifiées comme « zones à protéger » suite aux feux de forêts dévastateurs de 2015 [1]. Toute activité de développement de plantations est censée être interdite dans ces zones.

PT MJR est une entreprise de plantations contrôlée par le groupe HSA qui fait partie des fournisseurs de multinationales comme Mars, Nestlé, PepsiCo et Unilever [2]. Depuis presque 10 ans, ces multinationales prétendent faire le ménage dans leur chaîne d’approvisionnement d’huile de palme mais continuent à se fournir auprès d’entreprises qui détruisent les forêts [3].

Pour Greenpeace France, face au laxisme des multinationales, le gouvernement français doit agir et mettre sur pied une stratégie ambitieuse pour lutter contre la déforestation importée et ses effets catastrophiques sur le climat.

« Puisque même les entreprises les plus transparentes ne tiennent pas leurs engagements, il y a urgence à ce que le gouvernement français prenne des mesures ambitieuses pour réguler les importations d’huile de palme. Les discussions en cours sur la Stratégie Nationale contre la Déforestation Importée portée par Nicolas Hulot sont cruciales : la crédibilité de la France dans la lutte contre le changement climatique est en jeu. », analyse Cécile Leuba, chargée de campagne Forêts à Greenpeace France.

Notes aux rédactions

Photos disponibles pour les médias ici.

[1] En 2016, le ministre indonésien des Forêts et de l’Environnement a adopté une nouvelle réglementation sur les tourbières (réglementation PP 57/2016) visant à redéfinir les zones de protection et de production. Sur les cartes de ce nouveau découpage, publiées en février 2017 (SK130/2017), on peut voir que certaines parties de la concession PT MJR ont été identifiées comme zones à protéger.

[2] PT MJR est détenue par le groupe Hayel Saeed Anam (HSA), un important conglomérat privé yéménite, détenu et géré par la famille de son fondateur, Hayel Saeed Anam. Sur son site, HAS affirme qu’il vient « d’acheter 160 000 acres de terres en Indonésie pour cultiver de l’huile de palme durable », sans pour autant préciser le nom ou l’emplacement de la concession. Cependant, les statuts du groupe montrent que plusieurs membres de la famille Saeed Anam gèrent quatre concessions dans la province indonésienne de Papouasie, y compris la concessions PT MJR, pour une surface totale de 154 527 hectares.

[3] Bien que la concession PT MJR ne soit pas encore en phase de production, deux autres filiales de HSA (le groupe Arma et Pacific Oils & Fats) ont fourni de l’huile de palme à Mars, Nestlé, PepsiCo et Unilever, d’après les informations publiées par ces marques plus tôt cette année. Chacune de ces multinationales a pourtant adopté une politique « zéro déforestation, zéro destruction des tourbières et zéro exploitation de la main d’œuvre », en vertu de laquelle elles ne devraient pas s’approvisionner auprès de fournisseurs qui détruisent les forêts tropicales.