Alors que l’Assemblée nationale examinera lundi le projet de loi d’accélération du nucléaire, Greenpeace France publie aujourd’hui une investigation inédite sur les liens entre l’industrie nucléaire française et l’entreprise nucléaire russe Rosatom, qui démontre que la France est pieds et poings liés à la Russie.
Le constat est accablant : Rosatom a la mainmise sur une grande partie des importations d’uranium naturel provenant du Kazakhstan et d’Ouzbékistan. Or ces dernières représentent près de la moitié de l’uranium naturel importé chaque année en France. La filière nucléaire française, loin d’être gage de la souveraineté énergétique française, est donc dépendante de la filière nucléaire russe à toutes les étapes du parcours de l’uranium, sans alternative crédible possible.
Télécharger le rapport complet ici. |
Malgré le début de la guerre en Ukraine il y a plus d’un an, la France n’a pas stoppé son commerce nucléaire avec la Russie, bien au contraire. Au-delà de l’uranium naturel, la France a quasiment triplé ses importations d’uranium enrichi russe :
- En 2022, la Russie a livré un tiers de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises pendant un an.
- Toujours en 2022, l’intégralité des exportations françaises d’uranium de retraitement (URT) ont été envoyées en Russie, et l’intégralité des importations d’uranium ré-enrichi (URE) en France provenaient de la Russie, qui possède la seule installation au monde capable de transformer l’URT.
“L’opacité cultivée par l’industrie nucléaire française et l’État français est une tentative de masquer la dépendance de la France à des pays comme la Russie. Ce rapport, qui vient appuyer nos observations de livraisons d’uranium par des cargos russes en pleine guerre en Ukraine, met en lumière l’ampleur de la dépendance de l’industrie nucléaire française à Rosatom sur tout le commerce d’uranium, y compris l’uranium naturel. La construction de nouveaux réacteurs nucléaires, actuellement en débat, ne garantirait en aucun cas la souveraineté énergétique, car elle maintiendrait la France dépendante des pays fournisseurs d’uranium comme la Russie”, déclare Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France.
Face à ce constat, Greenpeace France demande à l’État français :
- d’exiger la rupture des contrats d’EDF et d’Orano avec Tenex pour stopper le commerce d’uranium et de déchets nucléaires avec la Russie,
- d’arrêter de s’opposer aux sanctions européennes à l’encontre de Rosatom,
- de faire la lumière sur le commerce d’uranium en réalisant et en mettant à disposition un bilan des importations et exportations d’uranium de la France vers et depuis d’autres pays, détaillé pour chaque forme/catégorie d’uranium (uranium naturel, uranium enrichi, uranium de retraitement, uranium de retraitement réenrichi et uranium appauvri).