Paris, le 12 mars 2011, 13h – La situation concernant les centrales nucléaires de Fukushima (250 km au nord de Tokyo), est de plus en plus alarmante. Une explosion sur l’un réacteur pourrait déjà avoir libéré de très fortes doses de radioactivités, et d’autres réacteurs semblent être aussi dans une situation critique.
Le bâtiment du réacteur n’a pas tenu
Le refroidissement d’au moins un des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi n’a pas été assuré pendant plusieurs heures. Le cœur du réacteur s’est alors mis à surchauffer, la pression et la température ont augmenté. Une explosion a eu lieu et a soufflé le bâtiment extérieur du réacteur et peut-être l’enceinte de confinement protégeant le cœur.
« Plus qu’un scénario à la Tchernobyl, on est dans un enchaînement Three Mile Island, c’est-à-dire une fusion lente du cœur, mais avec un niveau de gravité probablement supérieur dans la mesure où l’enceinte de confinement pourrait avoir été soufflée par l’explosion », explique Sophia Majnoni. « Les combustibles radioactifs seraient alors en contact avec l’atmosphère. D’où un risque de pollution majeur. »
Le nuage radioactif…
Si la radioactivité est pour l’instant relativement limitée à la porte de la centrale, c’est parce qu’il s’agit d’une irradiation directement provenant du cœur du réacteur. Et si l’enceinte de confinement n’est plus étanche, le plus grave problème va être la radioactivité du nuage invisible qui s’est échappé avec la vapeur d’eau et la poussière que l’on voit sur les images.
« La grande question est maintenant de savoir ce que contient le nuage et où il va se diriger : vers la mer ou vers des zones habitées – et bien au-delà des 20 ou 30 km évacués« , reprend Sophia Majnoni. « Si le nuage est radioactif, les populations risquent d’être exposées à deux risques : les gens vont être exposés au nuage vont respirer et absorber les radio-éléments qu’il contient. Et/ou les particules radioactives contenues dans ce nuage vont retomber à terre à la première pluie, contaminant alors une zone dont il est absolument impossible de prévoir le périmètre aujourd’hui. »
D’autres réacteurs en péril
Plusieurs réacteurs connaissent d’inquiétantes hausses de température et de pression. Un réacteur des six réacteurs de la centrale voisine de Fukushima Daini (qui se trouve à 12 km de la centrale de Fukushima Daiichi) est plus particulièrement touché par de graves problèmes de refroidissement.
« Ces données font craindre un autre accident. Nous serions là dans une situation totalement inédite avec plusieurs réacteurs touchés dans une même région. Nous ne pouvons absolument pas savoir quelles seraient les conséquences« , conclut Sophia Majnoni d’Intignano.
Le mythe de la sûreté nucléaire en question
Vingt-cinq ans après la catastrophe de Tchernobyl, dont on nous a expliqué qu’elle était liée aux insuffisantes normes de sûreté des centrales soviétiques, on se rend compte que, dans un pays réputé très sûr comme le Japon, la catastrophe arrive quand même.
« Même au Japon, pays au nucléaire réputé très sûr, la situation semble aujourd’hui échapper à tout contrôle. Cela devrait inciter tous les pays nucléarisés à revoir leur position, notamment le Japon, où plus de vingt projets de réacteurs sont envisagés« , note Sophia Majnoni. « Et pour les pays qui fabriquent et vendent cette technologie, comme la France, la question se pose de continuer à promouvoir cette énergie comme étant sans risque. »