Paris, le 15 mars 2011, 2h du matin – Alors que les Japonais vivent des heures dramatiques, que les victimes du séisme et du tsunami se comptent par dizaines de milliers, le pays doit maintenant faire face à une crise nucléaire, qui vient de gagner en intensité avec une explosion, survenue cette fois sur le réacteur n°2, à l’intérieur de l’enceinte de confinement.
Où en est-on ?
Une quatrième explosion est survenue sur la centrale de Fukushima (250 km au nord de Tokyo), dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Les combustibles irradiés se trouvent en contact direct avec l’atmosphère et tout refroidissement est désormais quasiment impossible.
« Il ne s’agit pas cette fois d’une explosion d’hydrogène à l’extérieur de l’enceinte mais d’une explosion d’hydrogène au niveau de la piscine de condensation située à l’intérieur de l’enceinte, sous la cuve du réacteur dans laquelle les combustibles radioactifs sont en grande partie fondus« , explique Sophia Majnoni. « On se rapproche du pire scénario possible, il est maintenant certain que des rejets de radionucléides ont commencé »
Quelles conséquences ?
La quantité d’éléments radioactifs qui peut maintenant s’échapper du réacteur est très importante. Les autorités japonaises rapportent avoir mesuré un niveau de radioactivité pour une heure équivalent à plus de huit fois la dose annuelle admise pour le public.
Les populations sont-elles en danger ?
Selon les vents et les conditions météo, cette radioactivité peut se disperser au-delà de la zone de 20 km qui a été évacuée, atteindre les populations et contaminer durablement l’environnement.
« Les populations risquent d’être exposées à deux risques : les gens peuvent respirer et absorber les radioéléments qui se sont échappés. Et/ou ces particules radioactives vont retomber à terre à la première pluie, contaminant alors une zone dont il est impossible de prévoir le périmètre aujourd’hui », détaille Sophia Majnoni.
Pour l’heure, les vents du nord chassent cette radioactivité vers Tokyo… Un taux de radioactivité supérieur à la normale a été mesuré dans la préfecture d’Ibaraki, située entre celles de Fukushima et la capitale japonaise. Un modèle de dispersion du nuage réalisé par le Swiss Alarm Center montre que la situation de Tokyo est très préoccupante (https://www.naz.ch/de/downloads/Ausbreitungsrechnung_110314.pdf).
Que font les responsables japonais ?
Le gouvernement japonais a demandé que plus personne ne s’approche du réacteur n°2, journalistes compris. Tepco, la compagnie d’électricité qui gère la centrale, a ordonné l’évacuation de la majorité des ouvriers – tous ceux qui ne sont pas directement chargés d’injecter de l’eau de mer dans le réacteur.
Quelle suite ?
C’est la première fois dans l’histoire du nucléaire que plusieurs réacteurs sur une même centrale connaissent de si graves avaries. Impossible de prévoir ce qui peut maintenant se passer. Le même scénario peut se reproduire sur les réacteurs n°1 et n°3, toujours imparfaitement refroidis