Paris, 12 décembre 2015 – Greenpeace ne comptait pas sur cet accord pour sauver le climat : nous avons appris depuis Copenhague qu’un texte des Nations Unies, s’il est nécessaire, n’est certainement pas suffisant. L’objectif de la conférence de Paris était d’arriver à un accord qui nous mette sur la bonne trajectoire pour rester sous deux degrés de réchauffement d’ici la fin du siècle. Si l’objectif est réaffirmé et même renforcé en mentionnant 1,5 degré, le texte de l’accord ne nous donne pas les moyens d’y parvenir. Mais la dynamique créée à l’extérieur du Bourget montre que les solutions à la crise climatique gagnent du terrain, et qu’il faudra continuer à s’engager pour les défendre. Le texte est encore en attente de validation finale.
« On connait le plus court chemin pour aller vers 1,5 degré de réchauffement, il passe par la conversion aux énergies renouvelables. » explique Jean François Julliard, directeur de Greenpeace France. « Si Paris dit nous amener au point d’arrivée, l’accord nous détourne du plus droit chemin. D’autres acteurs restent cependant sur la bonne route. »
Un objectif de long terme qui ne ferme pas la porte aux mauvaises solutions
1,5 ou 3 degrés ? 196 Etats ont feint d’entendre l’appel des pays les plus affectés par le dérèglement, en incluant 1,5 degré dans l’objectif de limitation du réchauffement de la température mondiale. C’est une bonne chose, mais rappelons que les engagements actuels des pays sur la réduction de leurs émission nous amènent toujours tout droit à près de 3 degrés de réchauffement, et rien n’est fait pour changer la donne.
Quelle réduction des émissions de Co2 ? L’objectif de long terme de l’accord vise un équilibre entre les émissions et les puits de gaz à effet de serre, soit une tendance vers “zéro émission nette” en matière de gaz à effet de serre d’ici à la fin du siècle. Toutes les solutions pour y parvenir sont permises, les meilleures, comme les pires. Pour Greenpeace, la sortie des énergies fossiles dès 2050 est la seule voie possible.
« Le texte laisse la porte ouverte aux fausses solutions telles que la captation de carbone, la géoingénierie, ou encore la compensation carbone… » explique Jean François Julliard. « Nous n’avons plus ni le temps, ni l’argent à investir dans des chimères alors que nous savons que les réelles solutions, telles que l’efficacité énergétique et les renouvelables existent et sont prêtes à être déployées. »
Toutes les composantes de la société civile ouvrent la voie vers les renouvelables
Des entreprises, comme Google, plus de 1000 villes qui se sont déclarées pour 100% d’énergies renouvelables, des marches et des actions de désobéissance civile dans le monde entier, le mouvement croissant du désinvestissement des énergies fossiles : les signaux viennent du monde entier, montrant clairement que les énergies renouvelables sont souhaitées par les acteurs de la vie réelle, qui savent que ces énergies fonctionnent, sont rentables et profitables. Pour preuve, selon un rapport récent de l’OCDE (août 2014), 80% des nouvelles capacités de production électrique installées sont d’origine renouvelable.
En France, la transition énergétique attend toujours l’action
On le savait depuis le début, c’est au niveau des états notamment que va se jouer la vitesse de cette transformation. Si la France a su se montrer diplomate, elle est loin d’être exemplaire sur son propre territoire. La loi de transition énergétique a fixé des objectifs clairs pour le développement des énergies renouvelables, mais François Hollande n’a toujours rien mis en place pour les réaliser : pour atteindre 27% de renouvelables électriques en 2020 et 40% en 2030, François Hollande doit doubler le rythme annuel de développement de l’éolien et du solaire jusqu’à la fin de son mandat.