Jeunes, engagé.e.s pour le climat, pas tou.te.s militant.e.s, ils sont en attente de mesures fortes du gouvernement.
Six mois après le lancement de l’Affaire du Siècle, Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France ont interrogé les très nombreux soutiens de leur recours en justice contre l’État pour inaction climatique (1). Qui sont-ils ? Que sont-ils prêts à faire pour le climat ? Qu’attendent-ils du gouvernement ? Plus de 70 000 personnes (2) ont répondu à une étude réalisée durant le mois de mai 2019 par l’institut indépendant Oïbo (3).
Une forte représentation des moins de 35 ans
Parmi les répondant.e.s, on note une surreprésentation de jeunes, preuve que la question climatique est une cause évidente pour les nouvelles générations :
- 42 % de moins de 35 ans,
- 23% de moins de 25 ans,
- 20 % de lycéen.ne.s ou étudiant.e.s.
Il y a également plus de femmes (56 %) que d’hommes (44 %).
Des signataires exigeants envers l’État français
En signant l’Affaire du Siècle, c’est à l’État que les signataires demandent de prendre ses responsabilités sur le climat. « Je fais des gestes pour le climat à mon niveau mais il faut aussi que l’État agisse » : voici la réponse donnée par 98 % des répondant.e.s, qui précisent que « les petits pas du gouvernement sont insuffisants par rapport à l’urgence ».
Les répondant.e.s adhèrent largement à l’idée qu’il faut contraindre les entreprises en priorité. Ils estiment que pour limiter le changement climatique, seule la contrainte législative est efficace pour :
- obliger les entreprises à moins polluer ou à changer leurs modèles industriels (96 % des répondant.e.s)
- contraindre les collectivités à agir pour le climat (91 %)
- obliger les citoyens à changer leurs habitudes de consommation (72 %)
Des signataires qui agissent déjà au quotidien
Les répondant.e.s déclarent avoir déjà adopté de nombreuses pratiques pour protéger l’environnement à l’échelle individuelle. Sur les dix actions proposées dans l’étude, ils déclarent en réaliser en moyenne plus de quatre « très souvent », et sept « très souvent ou souvent ».
Dans le top 3 des actions faites “très souvent” :
- 70 % recyclent,
- 58 % privilégient l’achat de produits de saison,
- 48 % achètent des produits biologiques.
Parmi les autres pratiques menées “très souvent ou souvent” :
- 80 % limitent leur consommation d’énergie à domicile,
- 70 % limitent leur consommation de viande
- 69 % limitent les voyages en avion,
Dans les autres actions menées très souvent ou souvent au cours des trois dernières années :
- 82 % ont boycotté une ou plusieurs marques qui ne respectent pas l’environnement,
- 24 % ont changé de fournisseur d’énergie pour privilégier les énergies renouvelables ou ont investi une partie de leur épargne dans des placements plus responsables.
Une sensibilité qui dépasse les cadres militants et/ou écologistes
À la question « À combien estimez-vous votre niveau personnel d’engagement en faveur de l’environnement ? », les répondant.e.s se situent à 6,7 sur une échelle de 1 à 10, quand la moyenne nationale est à 6,2.
- Près de 60 % disent ne pas avoir participé aux marches pour le climat,
- 91 % sont “prêt.e.s ou tout à fait prêt.e.s” à s’engager davantage pour le climat en faisant plus d’actions individuelles dans leur quotidien,
- 56 % sont “prêt.e.s ou tout à fait prêt.e.s” à s’engager davantage pour le climat en participant à des actions de désobéissance civile.
L’Affaire du Siècle a su convaincre au-delà du cercle écologiste, dépassant les clivages. En effet, si près d’un.e répondant.e sur deux est à gauche ou très à gauche, un sur deux ne l’est pas… soit parce qu’il.elle se dit au centre ou à droite, soit parce qu’il.elle se dit ni à gauche, ni à droite ou ne se retrouve pas dans ces catégories.
Un soutien à l’Affaire du Siècle qui se maintient
Six mois après le lancement de l’Affaire du Siècle et la vague d’espoir qu’elle a engendrée, les attentes des répondants se confirment :
- 90 % déclarent que l’Affaire du siècle a suscité « l’espoir que les choses aillent dans le bon sens » et de « la fierté à participer à une cause juste ».
- 90 % sont prêt.e.s à se mobiliser davantage pour que les pouvoirs publics les entendent.
- 86 % considèrent qu’il est préférable de continuer d’interagir avec le gouvernement avant les conclusions du procès, afin de l’inciter à prendre des mesures ambitieuses.
Pour les quatre organisations requérantes : « Les signataires de l’Affaire du Siècle ne sont pas dupes des discours politiques non suivis d’effets : ils demandent à l’État de prendre ses responsabilités. Cette demande très claire intervient à un moment où le gouvernement et sa majorité multiplient les déclarations sur l’écologie tout en s’opposant dans les faits à une action plus ambitieuse de l’État, ce qui a été souligné à nouveau dans le rapport du Haut Conseil pour le Climat paru le 26 juin. C’est aussi particulièrement visible dans le cadre des débats actuellement à l’Assemblée nationale sur la loi climat-énergie. Cette loi pose de grands objectifs à moyen et long terme mais évacue encore une fois la plupart des interdictions et investissements nécessaires à court terme.»
Les résultats de cette large consultation seront pleinement pris en compte par Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot, Greenpeace France et Oxfam France dans les suites de l’Affaire du Siècle. Les organisations continueront d’agir main dans la main avec tous les soutiens de cette action en justice inédite.
Pour consulter plus de détails sur l’étude.
(1) Le sondage a été envoyé par email aux signataires de l’Affaire du Siècle qui ont donné leur accord pour être recontacté.e.s.
(2) La comparabilité de l’échantillon de répondants avec l’ensemble des signataires de l’Affaire du Siècle souhaitant être recontacté.e.s a été vérifiée.
(3) Le sondage a été réalisé par Oïbo, institut d’études indépendant, qui collabore avec Anne-Marie Benoît, juriste et ingénieure de recherche au laboratoire PACTE du CNRS. Le sondage et les réponses anonymisées étaient hébergées par Dynata. L’institut Le Sphynx a collaboré à l’analyse textuelle des réponses.