La 29e session de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) rassemble à partir d’aujourd’hui à Kingston en Jamaïque une trentaine de gouvernements afin de débattre de l’exploitation minière des fonds marins, alors que l’opposition à cette industrie ne cesse de grandir. Cette réunion est un moment critique pour le futur des océans, à l’heure où les entreprises d’exploitation minière en eaux profondes font pression sur les gouvernements pour adopter un code minier qui légitimerait cette pratique destructrice.
Le Conseil de l’AIFM a aussi inscrit à son ordre du jour provisoire du vendredi 22 mars la manifestation pacifique de Greenpeace International de novembre-décembre 2023, qui a perturbé pendant plus d’une semaine les activités d’exploration en mer de l’entreprise minière The Metals Company. Le secrétaire général de l’AIFM Michael Lodge a estimé que la présence de kayaks de Greenpeace International autour du navire de The Metals Company constituait “une menace de dommage sévère à l’environnement marin”. Michael Lodge a déjà été critiqué par des gouvernements pour ses tentatives d’accélérer le démarrage de l’exploitation minière en eaux profondes et pour avoir exclu les médias des négociations de l’Autorité internationale des fonds marins.
“Si Michael Lodge avait consacré autant d’énergie à examiner les activités de l’industrie minière et à garantir la transparence des négociations qu’il en met à réprimer les défenseurs et défenseuses de l’environnement, un écosystème préservé aurait une chance de le rester. Comment des activistes de Greenpeace pagayant sur des kayaks peuvent-ils être une menace pour l’environnement, et le pillage des fonds marins une solution à la catastrophe climatique ?”, juge François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace France.
Dans le cadre des tentatives en cours de l’industrie et d’une poignée de gouvernements pour accélérer l’adoption d’un code minier autorisant l’exploitation minière des fonds marins, l’AIFM a publié un « texte consolidé » de 225 pages comme base de négociation pour cette 29e session. Plusieurs propositions de l’industrie ont été intégrées dans le texte sans l’accord des gouvernements ou une attribution claire, notamment des ajouts affaiblissant les éléments sur la conservation des écosystèmes et accélérant le démarrage de l’exploitation minière.
Il y a un an, seuls quelques gouvernements, dont la France, réclamaient un moratoire, et l’industrie minière en haute mer était certaine qu’elle obtiendrait le feu vert pour commencer l’exploitation minière en 2024. Mais leur pari s’est retourné contre eux alors que l’appel à un moratoire a gagné en soutien au sein des gouvernements. Désormais, 24 pays affirment que nous devons nous fier aux analyses scientifiques et protéger les océans de l’exploitation minière.
Une mobilisation mondiale de plus de deux millions de personnes appelle les gouvernements à voter pour un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. Les discussions à ce sujet auront lieu en juillet à l’Assemblée de l’Autorité internationale des fonds marins, composée de 167 États et de l’Union européenne.