Greenpeace France, CARE France et Oxfam France saluent la constitution de ce groupe de travail composé dans un premier temps de cinq gouvernements (France, Kenya, Barbades, Antigua et Barbuda, Espagne), de la Commission de l’Union africaine et de la Commission européenne, dont le lancement a été officialisé à Dubaï hier. Elle constitue une opportunité pour avancer vers la mise en place concrète de taxes permettant de mobiliser des financements indispensables pour lutter contre le changement climatique.
Pour Greenpeace, CARE et Oxfam, il est crucial que ce groupe de travail aboutisse à une taxation des entreprises et individus les plus polluants, dont les multinationales des énergies fossiles, qui continuent d’engranger des superprofits records en toute impunité aux dépens du climat et de l’environnement. Rien qu’en 2022, les industries du pétrole et du gaz ont touché 4 000 milliards de dollars de profits. Pendant ce temps, les populations les plus vulnérables paient le prix du changement climatique et en subissent les pires conséquences malgré leur implication minime dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le groupe de travail doit désormais avancer sur des mécanismes de taxation au niveau international, mais les États doivent aussi se saisir de cette dynamique en déployant ou augmentant les taxes climatiques dans leurs propres territoires.
Pour Sarah Roussel, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France :
« Après l’occasion manquée du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier, cette task force doit transformer l’essai. Le constat est accablant : les entreprises des énergies fossiles collectionnent les profits records, les émissions de gaz à effet de serre augmentent drastiquement et les événements climatiques extrêmes qui découlent du réchauffement climatique engendrent une souffrance humaine sans précédent. Face à ça, jamais les arguments moraux, économiques et environnementaux pour faire payer les dégâts à l’industrie des combustibles fossiles n’ont eu autant de poids. À défaut de le faire sur la scène nationale, la France / Emmanuel Macron doit arrêter de protéger les intérêts des plus riches et des plus grands pollueurs si elle veut faire preuve de crédibilité à la COP28. »
Pour Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer pour CARE France :
« Cette COP a été marquée d’entrée de jeu par une décision permettant de mettre sur pied le Fonds pertes et dommages et de premiers engagements financiers d’une douzaine de gouvernements. Ces promesses qui envoient un signal positif se chiffrent pour l’instant en centaines de millions de dollars alors que les besoins des pays du Sud pour faire face aux pires impacts climatiques pourraient atteindre jusqu’à 580 milliards de dollars par an d’ici 2030. L’initiative pilotée par la France et le Kenya doit de toute urgence permettre d’aller chercher l’argent là où il est, en particulier auprès des industries des énergies fossiles qui ont engrangé suffisamment de profits entre 2000 et 2019 pour couvrir près de 60 fois les coûts des pertes liées au changement climatique dans 55 des pays les plus vulnérables. Il est temps que les pollueurs paient leur dette. »
Pour Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat chez OXFAM France :
« Alors que les pays du Sud font face à des coûts colossaux pour s’adapter et faire face aux ravages du changement climatique, ce groupe de travail visant à dégager des ressources supplémentaires via des taxes nous semble bienvenu. Maintenant, il va devoir tenir ses promesses, en privilégiant des taxes capables de générer des centaines de milliards de dollars et ne pesant pas sur les citoyens et les États les plus modestes. Parmi les options les plus évidentes : taxer les superprofits des industries polluantes comme les énergies fossiles, mais aussi les ultra-riches dont les émissions de gaz à effet de serre sont disproportionnées et qui seraient très peu impactés par une hausse de la fiscalité. »