Jeudi 10 février à Belfort, Emmanuel Macron a déclaré vouloir construire 6 nouveaux EPR, puis possiblement 8 supplémentaires.
Ce déplacement fait suite à une allocution à l’automne dernier lors de laquelle le Président-candidat s’était prononcé en faveur d’une relance du nucléaire français sans donner plus de détails.
Pour Greenpeace France, ces déclarations ne sont pas celles d’un président soucieux de l’urgence climatique et de la transition énergétique mais celles d’un président en campagne pour sa réélection.
Emmanuel Macron tente de marquer l’agenda politique en s’alignant sur la surenchère des candidat.es de droite et d’extrême droite sur le nucléaire.
“S’engager sur la construction de 6 voire 14 EPR à deux mois de l’élection présidentielle est totalement insensé ! Alors que l’avenir de l’EPR de Flamanville reste incertain, ces premiers réacteurs, s’ils sont un jour construits, ne rentreront pas en service avant 2040 au mieux, avec un coût exorbitant [1]. Une décision unilatérale, un calendrier aberrant, un financement absent, le tout sur une technologie incertaine, voilà le résumé de cette annonce irresponsable” commente Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace France.
Greenpeace France rappelle que le chantier chaotique de Flamanville dure depuis 15 ans et a déjà coûté plus de 19 milliards d’euros [2] et que le parc actuel accumule les problèmes démontrant que le nucléaire ne garantit ni notre indépendance énergétique ni notre sécurité d’approvisionnement”
“Quant aux déclarations sur les renouvelables et les économies d’énergie, quel crédit accorder aux paroles du président ? La France est le seul pays d’Europe à ne pas remplir ses propres objectifs en matière de développement des énergies renouvelables tandis que le gouvernement n’a pas tenu ses engagements en matière de rénovation thermique.
A l’heure de l’urgence environnementale et climatique, Emmanuel Macron achève de manière tragique un quinquennat d’inaction environnementale en misant sur une énergie obsolète et dangereuse, à contre-courant de l’histoire et des tendances internationales.” poursuit-il.
Au vu des incertitudes qui pèsent sur la technologie EPR, notamment après un incident sur un réacteur EPR à Taishan en Chine, à l’arrêt depuis six mois, Greenpeace France demande un moratoire sur le chantier de l’EPR de Flamanville, afin de conduire une évaluation en toute indépendance de la viabilité des réacteurs nucléaires EPR.
Notesaux rédactions :
[1] Selon une note ministérielle dévoilée par Contexte, la première paire d’EPR serait opérationnelle en 2039 ou 2040, soit avec des premiers retards et surcoûts par rapport aux scénarios RTE.
[2] Pour mémoire, l’EPR de Flamanville (France) est en projet depuis le début des années 2000 et en chantier depuis 2007. Initialement, sa mise en service commerciale était prévue en 2012 (la dernière annonce de retard prévoit un démarrage en 2024 au plus tôt). Son coût a été multiplié par 6 (passant de 3 à plus de 19 milliards d’euros selon une évaluation de la Cour des comptes).