Paris, 05 octobre 2011 – Dans un dossier d’investigation intitulé « Immersion » (consultable ici), Greenpeace dénonce les dysfonctionnements qui rongent la Politique commune des pêches (PCP) ainsi que le silence de l’Espagne, poids-lourd européen de la pêche, face aux activités de pêche illicites auxquelles sa flotte se livre depuis des années aux quatre coins du globe. Greenpeace décortique notamment le réseau et les agissements de la famille Vidal, originaire de Galice.
« Les spécialistes estiment que, dans le monde, jusqu’à 49 % des captures de poisson sont illégales, non réglementées ou non déclarées (1) : cela explique en partie le déclin rapide de nos pêcheries. » explique François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace France. « En Europe, la mise à sac des océans est financée par l’argent du contribuable. Entre 2002 et 2009, par exemple, les différentes entreprises qui gravitent dans la nébuleuse Vidal ont reçu plus de 16 millions d’Euros de subventions européennes… pour financer leurs activités illégales. La PCP est rongée par la gangrène. »
L’Espagne finance les activités de la famille Vidal avec l’argent public européen
Depuis plusieurs dizaines d’années, les nombreux navires du réseau Vidal collectionnent les condamnations pour pêche illégale, non déclarée et non réglementée. Ils ont été poursuivis en justice aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans le Pacifique. Le gouvernement espagnol s’est engagé, à plusieurs reprises, à enquêter sur ces infractions et à y mettre un terme. Mais Madrid continue de verser des subventions aux entreprises Vidal. L’argent du contribuable européen sert donc à financer des activités illicites et le pillage des océans. La plus grande flotte de pêche européenne, l’armada espagnole, est maintenue à flot grâce à l’aide communautaire. Si l’Espagne et l’Europe continuent de persévérer dans leur laxisme, moins de 10 % de nos stocks de poisson conserveraient un niveau durable d’ici à 2022, d’après les prévisions de l’Union Européenne elle-même (2).
L’Europe a financé deux à trois fois trop de bateaux pour la santé des océans
Au-delà des activités illégales, les subventions européennes servent notamment à financer la mise à l’eau de nouveaux bateaux, contre tout bon sens. La France est elle aussi parmi les plus grands pays pêcheurs d’Europe, et a reçu de nombreux fonds publics pour développer sa flotte de pêche, bien trop grande et bien trop puissante par rapport à ce que les océans peuvent fournir. Depuis 2004, les subventions européennes sont utilisées pour accroître la puissance des bateaux et donc leur capacité à pêcher. La flotte européenne est aujourd’hui en mesure de pêcher deux à trois fois le niveau qui serait durable pour préserver les ressources en poissons !
Greenpeace a mené l’enquête, l’Europe doit prendre ses responsabilités
Greenpeace a demandé l’ouverture d’une enquête européenne exhaustive sur les subventions accordées au secteur espagnol de la pêche industrielle, et exige qu’à l’avenir, l’aide communautaire serve exclusivement à financer des activités de pêche légales, transparentes et durables. Les subventions doivent être un moyen de lutter contre la surpêche et non de la maintenir le plus longtemps possible.
(1) Agnew DJ, Pearce J, Pramod G, Peatman T, Watson R, et al. 2009. Estimating the Worldwide Extent of Illegal Fishing.