Le rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’océan et la cryosphère, publié aujourd’hui, souligne la nécessité pour les gouvernements d’intensifier et d’accélérer leurs efforts pour faire face à la crise climatique et pour protéger les océans. Une nouvelle preuve de l’urgence à mettre en place les outils nécessaires à la protection des océans, des eaux territoriales jusqu’à la haute mer.
« Les conclusions scientifiques sont sans appel et font froid dans le dos. Les impacts néfastes des émissions de CO2 liées aux activités humaines sur nos océans sont bien plus vastes et plus rapides que prévu, déclare Taehyun Park, experte climat pour Greenpeace. L’action pour le climat et le renforcement de la résilience des océans doivent aller de pair. Les gouvernements et les entreprises connaissent les solutions : ils doivent prendre des mesures décisives pour abandonner les énergies fossiles, et soumettre leurs plans nationaux pour rester en dessous de 1,5°C d’ici à l’année prochaine. Ils doivent également mettre en place un traité mondial sur la haute mer qui ouvrira la voie à la protection d’au moins 30% des océans grâce à la création d’un vaste réseau de réserves marines. »
Photos disponibles ici : https://media.greenpeace.org/CS.aspx?VP3=SearchResult&ALID=27MZIFJ8C5F1G&VBID=27MZVNBKKDD1
Le rapport du GIEC fait état de changements potentiellement irréversibles, de menaces croissantes pour les océans et de la diminution de la cryosphère. Il est publié alors que les niveaux de glace en Arctique atteignent leur deuxième niveau le plus bas jamais enregistré.
Le GIEC présente également des solutions politiques pour aider les gouvernements à atténuer les pires impacts du réchauffement planétaire et à renforcer la résilience au changement climatique. Il souligne les difficultés liées aux défaillance des systèmes de gouvernance des activités humaines en mer et de la cryosphère, qui restent fragmentés entre pays et ne permettent pas une protection efficace des océans.
« Le rapport du GIEC est une nouvelle sonnette d’alarme pour les gouvernements qui continuent à somnoler pendant la crise climatique, explique Edina Ifticène, chargée de campagne Océans pour Greenpeace France. Hier encore, lors de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies, devant les dirigeants mondiaux, Emmanuel Macron expliquait que la limitation de la vitesse des bateaux était une première étape pour la protection des océans : nous attendons plus de courage de la part du gouvernement ! Un traité sur la haute mer est actuellement en cours de négociations : la France doit s’y engager pleinement, c’est l’occasion concrète d’afficher sa volonté politique pour réellement protéger les océans, ce qui n’a pas été le cas jusqu’à présent. »
Issu de près de 7 000 articles rédigés par plus de 100 scientifiques experts sur le climat, le rapport du GIEC constitue l’évaluation la plus complète à ce jour de la gravité des impacts du changement climatique sur les océans et la cryosphère (zones gelées terrestres).
Le rapport du GIEC apporte d’autres conclusions :
- L’élévation du niveau de la mer d’ici 2100 pourrait être proche d’un mètre si le réchauffement de la planète dépasse 3°C, ce qui pourrait être le cas si la tendance actuelle n’est pas inversée par les politiques des gouvernements dans le monde. Cela pourrait entraîner le déplacement de millions de personnes des zones côtières.
- À mesure que la température de la surface de la mer augmente et que les océans deviennent plus acides, la vie marine et les écosystèmes océaniques seront confrontés à des défis majeurs. Même si le réchauffement planétaire est limité à l’objectif convenu de 1,5 °C, jusqu’à 90% des récifs de coraux d’eaux chaudes seraient voués à disparaître.
- Un dégel généralisé du permafrost pourrait arriver pour ce siècle. Le permafrost arctique et sub-arctique contient entre 1460 et 1600 gigatonnes de carbone stocké dans les sols organiques, ce qui équivaut à près de deux fois le CO2 présent dans l’atmosphère.
- À la fin de ce siècle, la fréquence des vagues de chaleur en mer pourrait être multipliée par 50 (dans le contexte d’une augmentation de la température comprise entre 3 et 5°C) par rapport à la fin du 19e siècle.
Dans le cadre d’une expédition internationale pour protéger les océans [1], des équipes de Greenpeace et de scientifiques sont actuellement en Guyane pour documenter la faune marine [2]. Les premières plongées en eaux profondes ont eu lieu sur le Récif de l’Amazone, permettant d’obtenir davantage d’images du récif ainsi que des échantillons biologiques, nécessaires aux scientifiques pour mieux comprendre cet écosystème encore peu connu [3].
Notes aux rédactions :
1 – Greenpeace a lancé une expédition pour une durée d’un an, au cours de laquelle le navire l’Esperanza traversera l’océan Atlantique, depuis l’Arctique jusqu’en Antarctique, pour mettre en valeur la richesse des écosystèmes marins et dénoncer les menaces qui pèsent sur les océans.
2 – Biodiversité marine en Guyane : une « zone vitale » à protéger pour de nombreuses espèces, communiqué de presse (12 septembre 2019)
3 – Océans : premières plongées en eaux profondes sur le Récif de l’Amazone, communiqué de presse (19 septembre 2019)