Paris, 26 février 2010 – Aujourd’hui à Cherbourg se tient le CODERST, réunion départementale pour l’évaluation de certains risques sanitaires relatifs à la construction d’un terminal charbonnier. C’est la dernière étape avant la décision du préfet pour l’autorisation ou non du terminal. Ce projet ne répond à aucune logique, ni écologique, ni économique.
Un terminal contraire aux engagements du Grenelle de l’environnement
Cette réunion du CODERST constitue la dernière étape de la procédure avant la décision du préfet, qui peut maintenant intervenir à tout moment. Elle fait aussi suite à l’avis de la commissaire enquêteur, Mme Catherine Garanderie. Pour cette dernière, « l’activité [du terminal charbonnier] ne remet pas en cause, en tant que telle, les engagements de l’Etat en matière d’environnement et ne crée aucun gaz à effet de serre ». Le projet de terminal charbonnier, censé accueillir le charbon à destination du Royaume-Uni, ne créera certes pas de nouvelles émissions en France, mais il représenterait jusqu’à 4,5 millions de tonnes de charbon par an, l’équivalent d’environ 10 à 11 millions de tonnes d’émissions de CO2, une fois brûlé dans les centrales. Le réchauffement climatique, lui, ne connaît pas de frontières.
« Au lendemain de l’échec de Copenhague, il serait plus incohérent que jamais qu’un projet participant à la filière la plus émettrice qui soit voit le jour en France. » affirme Anaïz Parfait, chargée de campagne climat.
Un avis très frivole du commissaire enquêteur
L’avis de Mme Garanderie parait manier l’ironie plus que la raison, et ne donne aucune justification objective à cette construction. Elle explique : « Nos amis anglais, comme on se plait de le rappeler à Cherbourg, ayant besoin de charbon, il serait irresponsable de les en priver ». De telles formulations font douter de la pertinence de son analyse, alors même que la consommation anglaise de charbon est amenée à fortement diminuer dans les années à venir. Il est abusif de laisser entendre que l’approvisionnement anglais en électricité serait dépendant de la construction du terminal. La commissaire enquêteur s’étonne même de réalités qui paraissent évidentes: « L’idée que Cherbourg ne doive pas être complice d’une filière d’énergie fossile me surprend ».
Des pertes pour l’emploi
Selon les gestionnaires du port, le terminal pourrait créer de 20 à 30 emplois pour la ville, ce qui parait bien peu au regard des conséquences de ce trafic pour l’environnement, et plus directement, pour la plaisance et le tourisme dans la région. En effet, selon les eurodéputés verts, la construction du terminal charbonnier « remet en cause la création d’une plate-forme nautique, qui serait susceptible de créer 500 emplois ».(1). Les conséquences pour la région et ses habitants pourraient en réalité être négatives.
« Greenpeace demande donc au préfet de la Manche, M. Jean-Pierre Laflaquière et au Ministre de l’Ecologie, M. Borloo, de ne pas autoriser ce projet climaticide qui n’apportera rien de positif aux habitants de la région », conclut Anaïz Parfait, « Nous serons présents pour rappeler au gouvernement ses engagements et l’absurdité de ce projet ».
(1)Lettre des eurodéputés d’Europe Ecologie à M. Borloo, datée du 23 février 2010.