L’EPR de Penly dans la lignée du fiasco de Flamanville

Suite aux révélations faites ce matin par Mediapart en collaboration avec Reporterre sur la dissimulation de la non-conformité des tests des granulats(1), un composant du béton destiné à la construction du futur EPR2 de Penly, Greenpeace France alerte sur l’incapacité d’EDF à construire des réacteurs nucléaires en respectant les enjeux de sûreté nucléaire. 

(1) les granulats doivent servir à construire la digue et l’îlot nucléaire où se trouve le bâtiment du réacteur.

« Depuis l’annonce de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, Greenpeace France alerte sur la dangerosité de ce projet, le manque de compétences et l’opacité d’EDF. Ces révélations doivent nous inquiéter. On ne parle pas de la qualité du béton pour le parking, mais de celui qui doit être assez robuste pour faire rempart contre l’augmentation du niveau de la mer et des tempêtes. Comme pour l’EPR2 de Gravelines, l’EPR2 de Penly risque d’être un château de sable en bord de mer », a déclaré Pauline Boyer, chargée de campagne Transition énergétique pour Greenpeace France.

Pour Roger Spautz, chargé de campagne Nucléaire pour Greenpeace France : « Greenpeace France doute fortement des capacités industrielles et humaines nécessaires pour mener ce projet de relance du nucléaire en France. EDF met en avant son “retour d’expérience” sur les EPR de Flamanville et de Hinkley Point, mais au vu des retards et des surcoûts colossaux, il est difficile de croire qu’elle en ait réellement tiré des leçons. Au vu du retour d’expérience de la construction des EPR, il nous semble évident qu’EDF n’est pas en mesure de garantir la tenue des délais qu’elle a avancés. Les coûts ont déjà explosé depuis la première estimation. Ces révélations sont de mauvaise augure en ce qui concerne les délais. Il n’est pas trop tard pour prendre la bonne décision et annuler les projets d’EPR2. »

Si la tentative de dissimulation des non-conformités d’Eiffage est avérée, alors la justice et l’ASNR doivent se saisir de cette affaire et faire la lumière sur ces graves défaillances.
Greenpeace France rappelle que l’industrie nucléaire a déjà été marquée par des scandales de falsification et de manquement aux normes. Il faut également se poser la question de savoir si Effiage est un partenaire compétent et fiable pour mener un projet de construction des EPR2.

Pour rappel, en février 2024, l’ASN publiait cette note sur les contrefaçons, falsifications et suspicions de fraude. L’ASN avait constaté, sur le chantier de l’EPR de Flamanville, « des irrégularités dans des attestations de conformité, notamment pour des vannes, des tuyaux… ». Greenpeace France et d’autres associations ont déposé plainte en juillet 2024 auprès des procureurs de la République de Cherbourg et Paris à la suite de ces nouvelles révélations de contrefaçons, de falsifications et de suspicions de fraude. 

Déjà en 2016, après une première plainte contre Areva NP et EDF suite à la détection d’une anomalie sur le réacteur 2 de Fessenheim, plusieurs organisations dont Greenpeace France avaient saisi un juge d’instruction à Paris, notamment pour mise à disposition sur le marché d’équipements sous pression non conformes aux exigences essentielles de sécurité, usage de faux et mise en danger délibérée de la vie d’autrui.