Loi de programmation énergie et climat abandonnée : plus d’un an de perdu et un Parlement méprisé
Dans un entretien au Figaro paru hier soir, le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Roland Lescure, a entériné l’abandon de la loi de programmation énergie et climat (LPEC), pourtant une obligation légale (1) et qui aurait dû être adoptée avant le 1er juillet 2023.
Greenpeace France déplore ce temps perdu au détriment de la transition énergétique ainsi que le mépris total et inquiétant du pouvoir législatif, censé être souverain sur les grandes orientations stratégiques en matière climatique et énergétique.
En décidant de faire reposer la définition de la stratégie française énergie et climat uniquement sur les décrets de la programmation pluriannuelle de l’énergie et de la stratégie nationale bas carbone, le gouvernement français commet une grave erreur qui risque d’être lourde de conséquences. “Concrètement, un prochain gouvernement pourra d’une simple signature modifier complètement les engagements climatiques et énergétiques de la France, créant une instabilité totale à l’opposé de l’esprit de planification”, analyse Nicolas Nace, chargé de campagne Transition énergétique à Greenpeace France.
En fuyant un débat absolument nécessaire au Parlement, tant sur l’ambition climatique que devrait se fixer la France que sur les moyens à mettre en place, en termes de consommation comme de production énergétiques, le gouvernement transforme la stratégie climatique et énergétique de la France en simple fait du Prince. “A de nombreuses reprises, notamment lors de son discours de Belfort, Emmanuel Macron a promis que la décision de relance de la construction de réacteurs nucléaires en France serait validée par le Parlement. Cette promesse semble aujourd’hui définitivement enterrée”, commente Nicolas Nace. Une énième consultation publique, dont les contributions finiront probablement sur la même étagère que celles du Grand débat de 2019, ou que celles de la Grande consultation sur le mix énergétique de 2023, ne peut en aucun cas remplacer la légitimité démocratique du Parlement ni répondre au besoin d’implication et de débat au sein de la population sur les enjeux liés à la transition énergétique.
Au vu des orientations déjà connues de la programmation pluriannuelle de l’énergie 2024-2033, Greenpeace s’inquiète enfin du non respect par la France des nouvelles ambitions européennes en matière climatique et énergétique, notamment des objectifs 2030 de baisse des émissions de gaz à effet de serre ou de part d’énergies renouvelables dans la consommation en énergie finale.
Greenpeace France sera particulièrement vigilante sur les objectifs de développement de l’éolien terrestre et du solaire qui seront inscrits dans la programmation pluriannuelle de l’énergie, ces deux moyens de production étant les seuls pouvant être développés rapidement et massivement dans les toutes prochaines années.
Note aux rédactions