L'Union européenne doit agir contre la destruction des forêts
Bruxelles, 2 juillet 2008 – Greenpeace a déployé aujourd’hui devant le siège de la Commission européenne une installation multimédia de l’artiste brésilien Siron Franco pour demander aux commissaires européens de se prononcer en faveur d’une réglementation sur le commerce de bois. Composée d’un tronc de 12 mètres de hauteur issue d’une région illégalement déforestée d’Amazonie, l’installation abrite neuf écrans vidéo qui projettent des images de la forêt amazonienne.
Le commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, a prévu de visiter l’installation dans la journée. D’autres politiques européens sont également attendus. Une carte postale en contreplaquée leur sera remise et leur demandant d’« arrêter le massacre à la tronçonneuse et de mettre en place maintenant une réglementation européenne sur le bois. ».
Cette action souligne le rôle et la responsabilité de l’Union européenne (UE) dans la déforestation. Chaque année, les Etats-membres achètent des millions de tonnes de bois notamment en provenance des forêts tropicales d’Amazonie, du bassin du Congo et d’Asie, où l’abattage illégal est considérable. La déforestation est responsable de 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et contribue à l’érosion massive de la biodiversité. 13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année dans le monde. L’exploitation illégale et abusive des forêts par l’industrie forestière constitue aujourd’hui, avec l’expansion du secteur agricole, un des principaux vecteurs de la déforestation.
« Nous avons besoin urgemment d’une réglementation européenne sur le bois afin que les consommateurs ne continuent pas, malgré eux, à être complices de crimes forestiers. Il est inconcevable que des écosystèmes forestiers riches en biodiversité et déterminant pour l’équilibre du climat mondial continuent d’être détruits ou dégradés pour être transformés en papier, en matériel de construction jetable ou en meubles de jardins bon marchés », commente Grégoire Lejonc, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France.
« En Amazonie, comme dans le monde entier, les exploitants forestiers illégaux cassent les prix et rendent les produits durables moins compétitifs. Nous avons besoin d’un contrôle efficace du marché pour permettre aux producteurs de bois responsables de profiter pleinement de leurs investissements », explique Ruben Gomes, responsable du label de gestion durable Forest Stewardship Council (FSC) au Brésil.
Au cours des trois dernières semaines, le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a reçu plus de 66 000 lettres de citoyens européens demandant que l’Europe se dote d’une réglementation sur le bois car ils veulent acheter des produits bois issus d’une gestion durable des forêts. Ce besoin est aussi largement ressenti par les compagnies forestières progressistes qui souffrent économiquement du commerce de bois illégal.
« L’UE doit interdire la vente de produits en bois provenant d’opérations forestières illégales. Pour commercialiser du bois en Europe, des standards élevés sur le plan environnemental et social doivent être imposés aux compagnies forestières et un système complet de traçabilité doit être mis en place », poursuit Grégoire Lejonc.
Au cours du mois de juillet, la Commission européenne doit décider si l’UE sera dotée à l’avenir d’une telle réglementation. Si c’est le cas, l’examen approfondi de la future réglementation européenne sur le bois débutera durant la présidence française de l’UE.
La mise en place d’une réglementation européenne sur le bois est un des moyens préconisés par Greenpeace pour arriver à l’objectif de zéro déforestation en vue de lutter contre la perte de biodiversité et agir contre les changements climatiques.