Alors que l’option végétarienne quotidienne dans les cantines scolaires est d’ores et déjà une réalité dans plus de 200 villes et communes [1], et que les multiples bénéfices d’une telle mesure pour le climat et la santé ne sont plus à prouver [2], un nouvel arrêté pourrait mettre en péril la possibilité de proposer cette option végétarienne quotidienne dans les cantines du premier degré. Greenpeace France dénonce ce projet d’arrêté et demande au gouvernement de ne pas entraver la mise en place d’une option végétarienne quotidienne pour les collectivités qui le souhaitent.
La nouvelle version de l’arrêté de 2011 relatif à la qualité des menus dans les cantines scolaires, en cours de révision par les ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique et de la Santé, continuerait d’imposer une fréquence minimale obligatoire de consommation de viande et de poisson [3]. Dans les établissements où l’option végétarienne doit être choisie au trimestre ou à l’année, cette fréquence ne pourrait pas être respectée : le repas végétarien serait servi de fait tous les jours pour la durée en question, sans possibilité d’alterner avec le menu qui intègre de la viande ou du poisson comme le stipule l’arrêté.
En effet, pour limiter au maximum le gaspillage alimentaire, mieux anticiper et gérer les stocks, une très large majorité des structures de restauration scolaire du premier degré (écoles maternelles et primaires, gérées par les villes et communes) demandent aux familles de choisir les menus de leur enfant pour le trimestre ou l’année. Ces structures ne sont pas en mesure de proposer plusieurs menus différents (végétariens ou non) pour chaque enfant chaque jour. La quasi-totalité des cantines du premier degré se verraient donc empêchées de proposer le menu végétarien, alors même qu’elles sont de loin les plus impliquées dans cette offre à l’échelle de la restauration collective. De plus, les cantines qui proposent déjà cette option risqueraient de se retrouver dans l’illégalité.
Avec près d’un milliard de repas servis chaque année en France, la restauration scolaire a des répercussions majeures sur les habitudes alimentaires des enfants et sur les débouchés agricoles. L’option végétarienne quotidienne répond à une véritable attente sociétale ; elle permet d’acheter des produits de meilleure qualité, notamment de la viande bio et locale [4], bénéficiant ainsi à toutes les parties prenantes ainsi qu’à la planète. Greenpeace rappelle par ailleurs que le déploiement massif du menu végétarien est un levier majeur de lutte contre le réchauffement climatique.
Greenpeace demande aux trois ministères concernés qu’ils revoient leur copie, et modifient dès maintenant l’écriture du nouvel arrêté afin que les villes qui proposent déjà une option végétarienne quotidienne et celles qui, chaque semaine, décident de franchir le cap et d’offrir ce choix à leurs élèves, puissent continuer à le faire.
Notes aux rédactions :
[1] Voir l’enquête de Greenpeace France sur la mise en place de menus végétariens, septembre 2020.
[2] Voir l’étude sur les bénéfices environnementaux des menus végétariens dans les cantines scolaires, Greenpeace France et le BASIC, septembre 2020.
[3] Cette nouvelle version prévoit à ce stade une fréquence minimale de quatre repas sur 20 avec de la viande, et de quatre repas sur 20 avec du poisson. Ce qui laisserait de la place à 12 repas végétariens sur 20 au maximum.
[4] Dans un contexte d’hyper-importation de la viande par les cantines, les économies réalisées grâce au menu végétarien servent à introduire plus de viande bio et locale : 20% des cantines sans menu végétarien proposent de la viande bio locale contre 50% des cantines avec un menu végétarien quotidien. Source.