Trois semaines après l’intrusion par la mer de Greenpeace France dans le périmètre de la centrale nucléaire de Gravelines (59), pour dénoncer les risques d’inondation et de submersion marine rendant trop dangereux le projet de construction par EDF de deux nouveaux réacteurs nucléaires (EPR2), 15 militantes et militants de Greenpeace France se sont mobilisés ce matin à Gravelines, Dunkerque et leurs alentours (Grande-Synthe, Loon-Plage, Saint-Folquin, Bourbourg et Oye-Plage). Ils ont recouvert les villes d’affiches et de messages à la craie, posé des panneaux de signalisation indiquant le danger de submersion marine et distribué des flyers pour alerter la population. Alors que la session du débat public sur le dérèglement climatique se tiendra dans trois semaines, le dossier d’EDF pour son projet nucléaire ne tient toujours pas compte de la gravité du risque climatique.
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Alors que la France et l’Espagne viennent de faire face à des évènements climatiques extrêmes ayant entraîné des tragédies, Greenpeace France considère qu’il est irresponsable de miser sur des réacteurs nucléaires dans une zone aussi dangereuse que le polder de Gravelines, qui sera de plus en plus exposé aux risques de submersion avec l’aggravation du dérèglement climatique.
« Les inondations qui ont causé des drames humains ces dernières semaines illustrent l’impréparation et l’inadaptation de nos sociétés face au risque climatique. Nous sommes en 2024. Dans cinquante ans, l’ampleur des conséquences aura atteint une autre dimension. Nous avons épluché le dossier du projet et il est clair qu’EDF ne prend pas en compte l’ampleur du risque climatique », déclare Roger Spautz, expert nucléaire pour Greenpeace France.
Dans un rapport publié le 3 octobre 2024, Greenpeace France souligne que les prévisions de l’élévation du niveau de la mer dans le pire scénario du GIEC (qui n’est même pas pris en compte dans les calculs d’EDF) sont déjà dépassées par une nouvelle avancée des scientifiques spécialistes de la fonte des glaces : la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre aboutirait à une élévation du niveau de la mer de trois mètres. Or, EDF répète depuis le début du débat public que ses calculs se basent sur un niveau de la mer élevé d’un mètre.
Entre deux séances du débat public organisé par la Commission particulière du débat public (CPDP) du 17 septembre 2024 au 17 janvier 2025, portant notamment sur la sûreté et la sécurité nucléaires, les militant·es de Greenpeace France se sont donc à nouveau mobilisés pour alerter la population sur le risque du projet d’EPR2. Ils et elles ont collé des affiches au design très proche des affiches publicitaires d’EDF sur des panneaux lumineux et sur d’autres panneaux situés aux arrêts de bus de différentes villes proches de la centrale. L’objectif : détourner le message de l’électricien qui vante les mérites de ses nouveaux réacteurs, sans exposer les risques climatiques auxquels ces derniers seraient confrontés. On peut lire sur les affiches : « Bientôt à Gravelines, vos nouveaux réacteurs nucléaires à l’eau ! ».
En parallèle , des militants ont disposé des panneaux de signalisation symbolisant le danger de submersion marine sous des panneaux directionnels indiquant la centrale nucléaire de Gravelines (voir photo ci-dessous).
Le slogan de l’action de Greenpeace France menée le 28 octobre dernier, « Montée des eaux, nucléaire à l’eau » (voir photo ci-dessous), a été inscrit à la craie dans différents territoires concernés par des risques d’inondation. Pour informer directement les habitant·es, des tracts pédagogiques ont été déposés dans leurs boîtes aux lettres et sur les pare-brise des voitures alentour.
« Cette mobilisation est un nouveau moyen d’alerter la population sur le risque nucléaire lié aux risques d’inondation, et de participer au débat public. Le rapport que nous avons publié sur la centrale est une contribution significative pour appréhender les risques que va poser ce projet par rapport aux vulnérabilités du territoire de Gravelines au dérèglement climatique ainsi qu’au risque d’accident incommensurable, intrinsèque à la technologie nucléaire, poursuit Roger Spautz. Nous sommes présents dans les espaces de dialogue comme les CLI (Commission locale d’information) et dans de nombreuses sessions du débat public pour continuer à pousser EDF à réagir aux interrogations légitimes de la société civile. Mais EDF refuse de se remettre en question face aux lacunes que Greenpeace a pointées dans le dossier de son projet. Aujourd’hui, nous allons là où la population locale sera en première ligne du danger nucléaire et climatique en cas de submersion marine combinée à des inondations extrêmes. »
Sur place, de nombreuses oppositions au projet ont vu le jour. Le Collectif Stop EPR Hauts-de-France a d’ailleurs lancé une pétition locale pour faire arrêter le projet.
Greenpeace France sera présente pour évoquer les dangers de ce projet jusqu’à la fin des débats de la CPDP et particulièrement à la session du 10 décembre portant sur l’environnement et le climat pour présenter les conclusions de son rapport.