Paris, 16 mars 2011 – Suite à la catastrophe nucléaire qui touche le Japon, en Conseil des ministres ce matin, Nicolas Sarkozy insistait sur le haut niveau de sûreté des centrales nucléaires françaises, et sur la transparence de la filière… Aucun engagement concret n’a été pris, la France n’en reste qu’aux effets d’annonce.
« Nicolas Sarkozy a encore une fois joué le VRP du nucléaire, ce matin, explique Pascal Husting, Directeur général de Greenpeace France, sans prendre d’engagements concrets ni sur la sûreté, ni sur la transparence, qui doivent être les deux préalables à tout débat sur le nucléaire en France ».
En France, arrêter la progression du nucléaire avant toute consultation
Nicolas Sarkozy veut organiser un grand débat sur la politique énergétique de la France, mais le préalable à un débat serein est la suspension de toute décision concernant la filière et les chantiers en cours. La « revue de la sûreté des centrales françaises », souhaitée par Nicolas Sarkozy, ne rime évidemment à rien si elle n’est pas contradictoire et alimentée par des parties indépendantes. De plus, le cahier des charges de cette évaluation doit être établi sur une base pluraliste et de façon publique.
La filière nucléaire nage dans l’opacité
Nicolas Sarkozy prétend que la filière nucléaire est transparente. C’est tout le contraire. Trois exemples simples :
– Toutes les décisions concernant cette industrie sont le fait du Prince : elles sont prises par décret, sans aucun débat à l’Assemblée nationale.
– Le rapport Roussely a été partiellement classé secret défense, dans ses parties les plus stratégiques, alors même qu’il concerne l’avenir de la filière en France.
– L’opacité est la règle pour tout ce qui concerne le stockage des déchets nucléaires, qui est en cause dans la catastrophe touchant la centrale nucléaire japonaise. D’ailleurs, les conditions de stockage des combustibles irradiés sont à la source des derniers accidents survenus à la centrale de Fukushima. Il est pour le moins problématique qu’aujourd’hui, en France, on ne puisse débattre de cette question ! Enfin, aucune information ne filtre de l’industrie par rapport aux transports nucléaires qui sillonnent pourtant la France.
« Décisions arbitraires, utilisation abusive du secret défense, censure sur le stockage des déchets : autant d’exemples de l’opacité du nucléaire… », souligne Pascal Husting. « Pour être enfin crédible en matière de transparence, le gouvernement doit aussi faire toute la lumière sur ce qu’est le financement du nucléaire. Quel est le réel coût de la filière, quand on y intègre notamment les coûts du retraitement des déchets et du démantèlement des centrales ? »
Nicolas Sarkozy veut « harmoniser les normes de sûreté à l’international »
Compte tenu de l’ampleur et de la gravité de la catastrophe nucléaire en cours au Japon, la France ne peut continuer à promouvoir cette énergie comme étant sans risque, en particulier auprès de pays en développement aux normes de sûreté très discutables. Par exemple, la France doit immédiatement revenir sur son projet de construire deux réacteurs EPR en Inde, à Jaitapur, région traversée par trois failles tectoniques et susceptible de connaître des séismes d’une magnitude de 7. La France doit aussi se retirer du projet de construction d’un troisième réacteur sur la centrale d’Angra, au Brésil, qui ne respecte pas les normes internationales sur la sûreté en vigueur aujourd’hui, puisque la technologie qui y est utilisée date d’avant Tchernobyl. En l’état de sa conception, si un accident nucléaire survient sur le réacteur Angra 3 rien n’est prévu pour empêcher que les éléments radioactifs ne se répandent. Enfin, la France doit révoquer les partenariats stratégiques en cours, au premier rang desquels celui avec la Libye.