Nucléaire : L'industrie fait appel à la justice pour essayer de faire taire Greenpeace
Cherbourg, le 2 avril 2010 – Hier Greenpeace a reçu une assignation devant le tribunal des référés à la demande d’Eurodif et TNI (filiales d’Areva).
Celles-ci demandent de faire interdiction à Greenpeace de manifester son opposition à l’exportation de déchets nucléaires vers la Russie.
L’audience aura lieu mardi 6 à 8h30 au TGI du Havre.
Mardi prochain le Kapitan Kuroptev est attendu dans le port du Havre (Seine-Maritime) et jeudi prochain (8 avril) c’est le Mikhail Lomonosov qui doit arriver dans ce même port. Ces deux navires chargeront à leur bord deux nouvelles cargaisons de déchets nucléaires en provenance du Tricastin (Drôme) et à destination de la Russie.
« En pleine controverse sur la légalité des exportations des déchets nucléaires vers la Russie. Non seulement Areva continue d’utiliser la Sibérie comme poubelle mais en plus elle tente d’instrumentaliser la justice pour cacher son trafic, déclare Yannick Rousselet, chargé de campagne Nucléaire de Greenpeace France. Depuis plusieurs mois Greenpeace agit pour faire la lumière sur la face cachée du nucléaire et aujourd’hui les industriels demandent à la justice de leur offrir un paravent. »
Le mensonge permanant
Les industriels affirment que l’uranium appauvri est envoyé en Sibérie pour être enrichit et qu’il est ensuite renvoyé vers la France. Ils mentent sur ce point.
Les chiffres officiels sur les flux de matière entre la France et la Russie du Haut Fonctionnaire de Défense publiés en décembre 2009 prouvent qu’Areva et EDF ne disent pas la vérité : depuis 2006, 33 000 tonnes d’uranium ont été exportées vers la Russie alors que seules 3090 tonnes ont fait le chemin inverse. Quid des 30 000 tonnes manquantes ?
« Ces exportations seraient illégales si ces matières étaient qualifiées de déchets. Or aujourd’hui les industriels s’en sortent avec un mensonge honteux en parlant de matières valorisables, affirme Yannick Rousselet. C’est comme si on envoyait aux russes des oranges déjà pressées en leur disant que, peut-être, dans 50 ans ils pourront encore en tirer une goutte de jus. »
Un scandale qui prend de l’ampleur auprès du public
Le grand public se mobilise avec Greenpeace pour faire cesser ces exportations de déchets nucléaires vers la Russie. Sur la page https://www.greenpeace.fr/stop-nucleaire/ les internautes peuvent envoyer une lettre directement à Jean-Louis Boorlo pour lui demander un moratoire immédiat sur ces exportations. Le Ministre a ainsi reçu près de 29 000 demandes de moratoire.
En Russie, les internautes peuvent aussi écrire directement à Jean-Louis Boorlo sur http://www.greenpeace.org/russia/ru/1304563/ et ils sont déjà nombreux à l’avoir fait…
La mobilisation s’internationalise et s’intensifie contre ces exportations scandaleuses de déchets nucléaires.
« Le public des pays directement concernés, la France et la Russie, n’est pas dupe et fait savoir au gouvernement français qu’il est outré par ces exportations. C’est pour ça que les industriels essaient de se cacher et de nous empêcher de parler. Nos actions des derniers mois ont mis en lumière un trafic jusqu’ici resté dans l’ombre et cela devient particulièrement gênant pour toute la filière nucléaire. » conclut Yannick Rousselet.