Le 29 novembre 2022, le cargo Mikhail Dudin accoste à Dunkerque et décharge plusieurs dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix containers d’uranium naturel en provenance de Russie. Des photos et vidéos sont téléchargeables ici.
Malgré la récente décision du gouvernement d’ordonner à Orano et EDF l’arrêt de l’exportation d’uranium de retraitement vers la Russie [1] , le commerce nucléaire entre la France et la Russie continue à battre son plein. Ce matin dans le port de Dunkerque, le cargo Mikhail Dudin a déchargé des dizaines de fûts d’uranium enrichi et dix containers d’uranium naturel [2] en provenance de Russie. La cargaison a été chargée à bord d’un train et de plusieurs camions dont les destinations pourraient être Pierrelatte en France et/ou Lingen, en Allemagne.
“La poursuite du commerce nucléaire avec la Russie, alors que la guerre en Ukraine fait rage, est scandaleuse. Si l’arrêt de l’exportation d’uranium de retraitement exigé par le gouvernement est un bon signal qui représente une première étape vers la fin de la collaboration avec Rosatom, industrie au service de Vladimir Poutine, cela ne représente que la partie émergée de l’iceberg. En atteste l’importante cargaison de dizaines de fûts d’uranium enrichi et de containers d’uranium naturel arrivée ce matin à Dunkerque”, s’indigne Pauline Boyer, chargée des campagnes Nucléaire et Transition énergétique à Greenpeace France.
“L’industrie nucléaire française est pieds et poings liés avec la Russie tout au long du parcours du combustible, de l’extraction de l’uranium jusqu’à la question des déchets. Alors que l’argument de l’indépendance énergétique est mis en avant par les tenants de l’industrie nucléaire, le maintien de ces activités en temps de guerre en Ukraine montre bien que le nucléaire ne permettra jamais notre indépendance énergétique. Nous demandons à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, la rupture des contrats sur le commerce d’uranium avec la Russie”.
Greenpeace demande l’arrêt définitif de tout commerce nucléaire avec la Russie et la résiliation de tous les contrats en cours entre l’industrie nucléaire française et Rosatom ainsi que ses filiales, en commençant par les contrats concernant le commerce d’uranium entre Tenex, filiale de Rosatom, et respectivement EDF et Orano.
Note aux rédactions :
[1] Questionnée par des représentants de Greenpeace sur le maintien des exportations vers la Russie d’uranium de retraitement français lors d’une réunion de l’ANCCLI le 18 novembre 2022, EDF a indiqué que le gouvernement l’avait enjoint d’interrompre ses exportations d’uranium de retraitement vers la Russie.
Depuis les années 1980, Greenpeace France mène campagne pour dénoncer l’exportation par la France de ses déchets nucléaires vers la Russie sous prétexte de ré-enrichissement. En réalité, la Russie accumule les déchets et le recyclage de l’uranium n’est qu’une chimère à laquelle s’accroche la France pour ne pas faire face à la montagne de déchets que produit son industrie nucléaire. En 2010, la pression exercée par Greenpeace porte ses fruits : Areva (désormais Orano) et EDF annoncent cesser toute exportation d’uranium de retraitement français vers la Russie pour des raisons économiques et environnementales.
Mais en 2021, Greenpeace découvre la reprise en catimini de l’exportation de déchets nucléaires vers la Russie.
[2] Les containers déchargés contiennent de l’uranium naturel sous forme de « yellow cake ». Plus d’informations sur le parcours du combustible ici