Paris, le 24 janvier 2012 – Greenpeace déplore la sévérité des réquisitions prononcées à l’encontre des deux militants qui comparaissaient aujourd’hui à Privas (Ardèche), et des neuf autres activistes, dont le procès s’est tenu le 20 janvier, à Troyes (Aube).
« La prison avec sursis devient le minimum requis, alors qu’il y a quelques années, pour des faits similaires, les militants écopaient d’amendes« , note Sophia Majnoni, en charge de questions nucléaires chez Greenpeace France. « Il est regrettable qu’alors que le débat sur le nucléaire s’anime enfin en France, le ministère public serre la vis pour dissuader les militants de se mobiliser et de jouer leur rôle de lanceurs d’alerte. »
Des réquisitions sévères
Les deux militants, qui comparaissaient aujourd’hui à Privas (Ardèche) et étaient restés sans être repérés plus de 14 heures dans la centrale de Cruas, encourent les mêmes peines que les neuf activistes qui avaient pénétré dans la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube) et étaient jugés à Troyes le 20 janvier :
– quatre à six mois de prison avec sursis,
– amendes allant de 1 000 à 1 500 euros chacun,
– deux ans de mise à l’épreuve, avec interdiction de s’approcher à moins de 2 km d’une centrale nucléaire pour les neuf militants de Nogent-sur-Seine,
– 1 000 euros d’amende pour ceux qui ont refusé le prélèvement de leur ADN.
Jugements attendus les 21 et 28 février.
« Les peines demandées sont sévères, ces onze militants n’étant coupables que d’un seul crime : celui d’avoir dévoilé les failles de sécurité des installations nucléaires françaises, que les pouvoirs publics et les industriels entendaient laisser dans l’ombre », déclare Sophia Majnoni. « Espérons qu’au moment de rendre leur jugement, les magistrats de Troyes et de Privas sauront tenir compte de la légitimité très largement reconnue des opérations menées par ces militants. »
Le nucléaire : transparent quand contraint et forcé !
Maître Mignard, qui a tant vanté la transparence de l’industrie nucléaire et d’EDF lors des deux procès, feint d’oublier que c’est uniquement la pression de la société civile qui impose à l’industrie nucléaire une transparence – encore aujourd’hui très circonscrite.
Trois exemples parmi d’autres :
– En 1980, se tient la première Commission locale d’information, organisée à La Hague, suite à une mobilisation citoyenne et associative sans précédent.
– En juillet 2010, le Haut comité sur la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), organisme paritaire dont est membre Greenpeace, contraint Areva à reconnaître que le taux de recyclage du nucléaire n’est pas de 96 %, comme elle le prétendait à longueur de campagnes publicitaires, mais de 12 % seulement (chiffre encore loin de la réalité, qui tourne entre 3,9 et 1,7 %).
– Décembre 2011, la résistance face à des intrusions humaines des centrales françaises sera évaluée via un audit, demandé par le Premier ministre suite à l’intrusion, quelques jours plus tôt, de militants de Greenpeace sur deux centrales nucléaires.
La désobéissance civile
En France, le débat sur le nucléaire est jusqu’à maintenant confisqué par un État et des responsables politiques et industriels obsédés par l’énergie atomique. Depuis sa création en 1971, Greenpeace dénonce des atteintes à l’environnement en pratiquant la désobéissance civile et en menant des actions non-violentes, légitimes, même si elles peuvent être illégales. Les militants assument les conséquences juridiques de leurs actes, mais doivent bénéficier d’un traitement particulier : ils ne sont pas délinquants, ils servent l’intérêt général. Comme le rappelle l’historien américain Howard Zinn, « ces protestations « hors la loi » ne sont pas une atteinte à la démocratie, mais sont essentielles à la démocratie« .