PAC : le vote du Parlement européen condamne l’agriculture et la nature
Pour Greenpeace, le vote de la session plénière du Parlement européen ce soir condamne l’agriculture européenne. La majorité des eurodéputé·es n’ont pas souhaité transformer à la hauteur des crises climatique et écologique la politique qui façonnera l’agriculture du bloc au cours des sept prochaines années.
Le Parlement européen a adopté un accord conclu entre les groupes Renew, PPE et S&D et a rejeté les propositions de la commission environnement du Parlement européen visant à réduire les subventions en faveur de l’élevage industriel ou à augmenter considérablement le financement de mesures environnementales par rapport à la PAC actuelle.
“S’il fallait un exemple de plus de l’écart qui se creuse entre le monde citoyen et les politiques, ce vote est malheureusement un cas d’école. D’un côté les citoyens et citoyennes veulent une agriculture à taille humaine et plus écologique, de l’autre les eurodéputé·es votent pour perpétuer un système d’un autre âge. Ce dernier ne fera que renforcer un système profondément inégalitaire, au détriment de celles et ceux qui sont capables de produire une nourriture de qualité sans menacer l’environnement”, rappelle Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture pour Greenpeace France. “Faut-il vraiment attendre qu’il n’y ait plus de paysan-nes, plus de biodiversité, dans un contexte où le climat s’emballe déjà, pour que les politiques prennent la mesure de la situation et des changements radicaux à accompagner ?“.
Tellement mécontents du projet proposé, un quart des eurodéputé·es votants (166) ont soutenu l’abandon de l’ensemble de la proposition pour repartir d’une page blanche. Beaucoup sont d’ailleurs allés à l’encontre des consignes de vote de leur propre parti. Le commissaire européen à l’Agriculture a également déclaré que l’accord conclu au Parlement était incompatible avec le Green Deal européen.
Il est probable que les ministres de l’Agriculture, réunis au Luxembourg, édulcorent également les exigences de base, proposées par la Commission européenne, permettant aux agriculteurs et agricultrices de recevoir des fonds de la PAC. Ils pourraient ainsi réduire la protection des tourbières et la superficie de terres que les agriculteurs doivent dédier à la nature.
Les négociations tripartites entre la Commission européenne, le Parlement européen et les gouvernements nationaux devraient commencer prochainement, sous la présidence allemande du Conseil européen, et s’achever début 2021.