Un nouveau système de subventions agricoles est nécessaire en Europe pour l’après-COVID19
Dans le cadre de son plan de relance, la Commission européenne annoncera prochainement ses propositions pour un nouveau budget européen, dont la PAC représente plus d’un tiers. Greenpeace détaille dans un document ses recommandations et affirme que l’Union européenne doit complètement revoir sa copie de la Politique agricole commune (PAC). Il faut repartir d’une page blanche pour construire un système alimentaire et agricole qui soit salutaire pour les petits agriculteurs, nous permette de répondre à l’urgence climatique et nous préserve de futures pandémies.
L’élevage industriel a une réelle influence dans l’émergence et la propagation de certaines zoonoses similaires au COVID-19 : la concentration élevée d’animaux uniformes dans des espaces réduits augmente la possibilité pour les virus de s’adapter et de se transmettre plus facilement aux autres animaux (sauvages ou non) et aux humains. Par ailleurs, l’agriculture industrielle est aussi la principale cause de la destruction des écosystèmes dans le monde – destruction qui, en outre, favorise l’émergence de maladies infectieuses d’origine animale.
Greenpeace demande la mise au rebut du système actuel de la PAC, qui accorde un tiers de ses subventions aux 1 % des exploitations possédant les plus grandes surfaces, au premier rang desquelles les élevages industriels. Les scientifiques, les experts agricoles et la Cour des comptes européenne ont d’ailleurs largement critiqué ce système.
« La PAC a été conçue pour nourrir l’Europe au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, mais aujourd’hui, elle favorise un système alimentaire qui nuit aux paysans, détruit la nature et augmente le risque de pandémies, déplore Suzanne Dalle, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France. Pour sortir de la crise du coronavirus, nous devons soutenir les agriculteurs pour produire des aliments sains et respectueux de l’environnement, et cesser de remplir les poches des plus grosses exploitations. La version actuelle de la PAC est périmée. L’Union européenne doit repartir de zéro et mettre en place un système qui protège les paysans et paysannes, produit des aliments sains accessibles à tous et toutes et préserve l’environnement. »
Ces dernières années, 4,2 millions d’exploitations agricoles, des petites fermes pour la plupart, ont disparu, tandis que la surface des terres exploitées est restée la même. Et cette tendance ne semble pas s’inverser.
Actuellement, la majeure partie du budget de la PAC est reversée sous la forme de paiements directs en fonction du nombre d’hectares des exploitations, sans prise en compte des bénéfices sociaux et environnementaux. Par ailleurs, aucun dispositif de limitation des volumes de production de lait et de viande n’a été mis en place alors que le secteur de l’élevage fait face à des crises à répétition et contribue à la crise climatique et environnementale.
Plus de 70 % des terres agricoles européennes servent à nourrir les animaux d’élevage, ce qui représente un cinquième du budget total de l’Union européenne, alors même que les scientifiques (notamment du Lancet et du GIEC), nous disent que nous devons réduire considérablement notre consommation et notre production de viande et de produits laitiers pour protéger la santé humaine, la nature et le climat.