Plan de soutien à la filière automobile : réaction de Greenpeace France
« Alors que les huit milliards d’euros engagés devraient permettre d’imposer une transformation en profondeur de l’industrie automobile, le plan de soutien annoncé aujourd’hui par Emmanuel Macron fait fausse route et perpétue une dépendance néfaste à la voiture individuelle, qu’elle soit électrique, hybride ou thermique, incompatible avec la transition écologique et sociale, déclare Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France. Pire, le président Macron confirme aujourd’hui des mesures climaticides, avec le maintien scandaleux de véhicules diesel et essence dans la prime à la conversion et la subvention possible de l’achat de grosses voitures de type SUV ».
Pour Greenpeace France, la prime à la conversion doit être transformée en une prime à la mobilité durable, qui permette en priorité d’accompagner financièrement les ménages vers d’autres modes de transports que la voiture individuelle (adhésion à un service d’autopartage, acquisition d’un vélo, notamment vélo électrique, abonnement aux transports en commun, etc.). Les aides à l’achat de véhicules doivent se concentrer sur les ménages qui en ont vraiment besoin, car ils ont des moyens limités et ont encore un accès limité aux alternatives, avec l’objectif de leur permettre de sortir de la dépendance au pétrole.
Monde d’après, toujours plus de voitures et plus de SUV
Rien n’a été dit par le Président sur la nécessaire accélération de la fin de production des véhicules diesel/essence, pourtant indispensable si l’on veut tenir les objectifs climat. De plus, le Président donne un blanc-seing à la société du SUV, ces véhicules plus lourds dont l’impact sur le climat et l’environnement est décuplé et qui continueront d’encombrer nos villes. Le gouvernement aurait pourtant pu décider d’introduire un critère poids dans le système de bonus/malus et dans le dispositif de prime à la conversion, pour décourager l’achat de ce type de voitures.
Le président et son gouvernement proposent comme “conditions” à ce soutien le développement du véhicule électrique et la “relocalisation de la production à haute valeur ajoutée”. Ces propositions sont problématiques à plusieurs niveaux : d’abord, parce que la voiture électrique n’est pas la solution miracle pour développer une mobilité durable, notamment tant qu’une transition réelle vers les énergies renouvelables n’est pas réellement engagée. Il faut avant tout réduire le nombre de voitures sur les routes, au profit des mobilités partagées et d’autres modes de déplacement, comme le train, pour lequel on attend toujours un engagement fort du gouvernement.
Ensuite, ces “conditions” laissent la porte ouverte à des choix aberrants [1] de la part de l’industrie automobile comme le développement des SUV, thermiques ou électriques. Enfin, il n’y a aucune garantie sur le caractère réellement contraignant des “conditions” mises en avant par le gouvernement en contrepartie de l’aide apportée aux entreprises polluantes, ni sur le contrôle démocratique et parlementaire de leur définition et de leur mise en œuvre, ni sur les moyens de sanction en cas de non-respect. Le gouvernement persiste à faire des chèques en blanc aux entreprises françaises qui polluent et détruisent le climat.