Le gouvernement, représenté par plusieurs de ses ministres, vient d’annoncer 15 milliards en soutien à la filière aéronautique (en prenant en compte les 7 milliards déjà annoncés en avril en soutien à Air France).
Pour Greenpeace France, le gouvernement continue à se voiler la face sur l’essentiel : réduire le trafic aérien est indispensable pour vraiment baisser les émissions de gaz à effet de serre du secteur et lancer une véritable transition écologique. Or Bruno Le Maire a bien indiqué l’objectif de retrouver le niveau de trafic de décembre 2019 et de renouer avec la croissance de ce trafic, en contradiction totale avec la crise climatique.
« Plutôt que de ne parler que de futurs avions soi-disant décarbonés, le gouvernement doit prendre ses responsabilités maintenant. L’avion le moins polluant, c’est celui qui ne vole pas. La crise climatique est elle aussi très brutale et ses conséquences violentes. Elle impose de contraindre les grandes entreprises des secteurs nocifs pour le climat à revoir leur modèle économique et de soutenir le développement des systèmes de transport moins polluants, en investissant dans le train et les transports en commun. Or aujourd’hui, si nous faisons les comptes, on arrive à 15 milliards pour le secteur aéronautique dont 7 milliards pour Air France, 8 milliards d’euros pour soutenir l’automobile,… et toujours zéro pour la relance du ferroviaire ! », déplore Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports pour Greenpeace France.
De plus, tout comme les aides accordées à Air France fin avril, on ne peut se contenter de beaux discours sur les conditions du soutien de l’Etat aux grandes entreprises de l’industrie aéronautique. « Sans contraintes légales, quel sera le contrôle démocratique et parlementaire de la définition et de la mise en œuvre des conditions affichées, quelle redevabilité et quels moyens de sanction en cas de non-respect ? Le précédent Air France nous inquiète : on ne sait rien des conditions du prêt accordé et du contrat de transition évoqué par le gouvernement, de sa valeur juridique et de sa cohérence réelle avec les objectifs climat de l’Accord de Paris ! Les discussions à venir à l’Assemblée sur le troisième budget rectificatif doivent être l’occasion de mettre un terme à cette situation inacceptable », poursuit Sarah Fayolle.
Le gouvernement a indiqué vouloir faire d’Air France la compagnie la plus verte du monde, mais les contreparties présentées restent floues, peu ambitieuses, voire parfois carrément problématiques (comme avec la compensation carbone ou le soutien aux agrocarburants).
Il faut commencer par supprimer les vols domestiques de l’ensemble des compagnies aériennes pour lesquels une alternative en train existe déjà, et investir dès à présent dans ces alternatives là où elles manquent encore. La limite de 2h30 en train proposée par le gouvernement est largement insuffisante d’un point de vue climatique.
Selon le RAC, le plan du gouvernement de supprimer les vols à moins de 2h30 en train tout en excluant le hub de Roissy ne réduirait que de 6,6% les émissions de CO2 issues des vols métropolitains et de 0,5% les émissions de l’ensemble des vols au départ de la France [3]. Et Air France a déjà annoncé il y a quelques semaines la relance de ses lignes intérieures, comme le Paris-Bordeaux, accessible en 2 heures de TGV.
Pour Greenpeace, la crise climatique nécessite de réduire le trafic aérien et donc de transformer en profondeur le secteur aérien et aéronautique. Il faudra placer les enjeux sociaux et démocratiques au cœur de la réflexion, en impliquant les syndicats et autres représentations des travailleurs, et avec notamment la possibilité de plans et de fonds de transition pour assurer la protection sociale des salariés impactés, leur formation et leur reconversion quand cela sera nécessaire.