Paris, le 18 juillet 2011 – Les réactions ne se sont pas faites attendre, suite au lancement de la campagne Detox, accusant plusieurs grandes marques de sport d’être impliquées – via leurs sous-traitants – dans la pollution de fleuves chinois. Les marques ont confirmé qu’elles entretenaient bel et bien des liens commerciaux avec les deux usines incriminées. Par contre, Nike et Adidas sont dans le déni et refusent de reconnaître leurs responsabilités. Pour le moment, seule la marque chinoise Li Ning semble avoir pris les choses en main : ses représentants ont en effet demandé à leurs fournisseurs d’enquêter sur leurs rejets polluants et de les tenir informés des résultats.
« Les conclusions de notre enquête sont catégoriques. Nike, adidas et toutes les autres marques comme Lacoste ou Calvin Klein portent une part de responsabilité dans la pollution des eaux en Chine. Elles font appel à des sous-traitants qui empoisonnent l’eau en rejetant des produits chimiques toxiques dans les rivières« , déclare Sylvain Tardy, directeur des campagnes de Greenpeace France. « Ces enseignes doivent prendre leurs responsabilités et faire pression sur leurs fournisseurs pour qu’ils mettent fin à ces pratiques dangereuses à la fois pour la santé et pour l’environnement ».
Dans l’eau, des produits toxiques dangereux pour la santé
Dans son rapport intitulé “Dirty Laundry” publié le 13 juillet, Greenpeace révèle les résultats d’une enquête d’un an, au cours de laquelle ont été collectés des échantillons d’eaux usées provenant des rejets de deux usines : la Youngor Textile Complex et la Well Dyeing Limited. Les prélèvements ont révélé la présence d’agents chimiques néfastes provoquant notamment des problèmes hormonaux et des cancers, comme le nonylphenol (interdit en Europe), des PFC et tout un cocktail d’autres produits toxiques. L’enquête a identifié ces deux usines comme étant des fournisseurs de Nike et d’adidas, mais aussi de Li Ning, Puma, Lacoste, Converse, Bauer Hockey Abercrombie & Fitch, Calvin Klein, PVH Corp, Cortefiel, H&M, Meters/bonwe et Youngor.
Afin d’encourager les deux géants du sportswear à agir, Greenpeace a lancé une vidéo et un site dédié qui permet aux adeptes de Nike et d’adidas de parier sur la marque qui se montrera la plus réactive. Depuis le 13 juillet, date du lancement de la campagne internationale, des actions ont eu lieu un peu partout dans le monde pour les inciter à relever le challenge : en Chine (à Pékin et à Hong-Kong), aux Philippines, en Suisse, en Argentine, en Espagne, aux Pays-Bas, en Thaïlande, et bientôt en France…
Les grandes marques, multinationales, ont plus de pouvoir que les États
Depuis des années, Greenpeace expose la complicité des grandes marques, firmes transnationales dans des crimes environnementaux. Après Unilever et le shampoing Dove, Nestlé et la barre chocolaté Kit Kat, Greenpeace lançait il y a peu de temps une campagne pour convaincre les fabricants de jouets Mattel – et sa célèbre Barbie –, Hasbro, Lego et Disney de cesser de participer à la destruction de la forêt tropicale en Indonésie via les fabricants des emballages de leurs jouets. Plus récemment, Greenpeace dénonçait l’influence néfaste de Volkswagen sur la politique climatique européenne. Aujourd’hui, Greenpeace met au défi les plus grandes marques de sport.
« Ces entreprises transnationales, ces marques extrêmement exposées, ont maintenant largement plus de pouvoir et d’influence que de nombreux gouvernements. Elles sont à même de faire changer des réglementations, parfois de bloquer tout changement, ou en tout cas d’imposer des normes plus drastiques à leurs fournisseurs« , explique Sylvain Tardy. « Toutes ces multinationales sont des championnes du greenwashing et veulent toujours s’afficher plus vertes qu’elles ne le sont. Nos campagnes les mettent face à leurs contradictions et dénoncent leur comportement désinvolte… cette manière de faire de Greenpeace a montré son efficacité.«