Depuis une semaine, de multiples déclarations soufflent le chaud et le froid sur le contenu de la PPE qui doit être enfin présentée la semaine prochaine. Pour Greenpeace France, les chances d’atteindre les objectifs d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables fixés par la Loi de transition énergétique sont inexistantes, car trop peu de fermetures de réacteurs sont actuellement sur la table et aucune n’est envisagée (outre celle de Fessenheim) pendant ce quinquennat.
En particulier, tous les scénarios impliquent de prolonger des réacteurs au-delà de 40 ans, sans aucune considération pour la faisabilité économique, financière et technique d’un tel programme de prolongation et des dangers qu’il représente. Ce qui revient à plier devant le lobby de la filière nucléaire et aller à contresens des attentes des Français, ré-affirmées dans un sondage rendu public hier [1].
“Aucun des scénarios du gouvernement n’est acceptable ni raisonnable. Si Emmanuel Macron continue de jouer la montre pour défendre bec et ongles le nucléaire, il ne fera pas mieux pour la transition énergétique que ses prédécesseurs”, souligne Alix Mazounie, chargée de campagne pour Greenpeace France.
Pour Greenpeace, la PPE sera une avancée pour la transition énergétique française et européenne uniquement si elle remplit les critères suivants :
– Premièrement, fermer les réacteurs nucléaires dès 40 ans pour minimiser le risque d’accident, la quantité de déchets radioactifs et les coûts astronomiques d’une remise à niveau des réacteurs. La fermeture – au mieux – de 8 réacteurs d’ici 2028 revient à prolonger de nombreux réacteurs au-delà de 40 ans, voire 50 ans.
– Deuxièmement, programmer la fermeture de réacteurs (en plus de Fessenheim), dès ce quinquennat. Tous les scénarios du gouvernement repoussent de nouvelles fermetures de réacteurs au-delà de ce quinquennat et ne s’engagent donc réellement sur aucune fermeture.
– Troisièmement, tout mettre en oeuvre pour réellement atteindre l’objectif de 40% de production d’électricité renouvelable à horizon 2030 et réduire la consommation d’électricité. Aucun scénario mis sur la table ne permet de l’envisager de façon réaliste, alors que plusieurs scénarios RTE [2] démontrent qu’en misant sur l’efficacité et la sobriété énergétiques, il est possible de fermer 27 à 54 réacteurs à horizon 2035, sans menacer la sécurité d’approvisionnement.
“Nous ne nous fions pas aux effets d’annonce du gouvernement. Mettre en avant la fermeture de centrales à charbon ne suffit pas. A quelques jours de la COP 24, Emmanuel Macron s’apprête à faire le choix de ralentir la transition énergétique européenne, empêchant ainsi une réhausse de l’ambition climatique au sein de l’UE, pour la seule satisfaction de la filière nucléaire. Un bien mauvais signal diplomatique, notamment vis-à-vis de l’Allemagne, qui entacherait sévèrement sa crédibilité internationale”, conclut Alix Mazounie.
Notes aux rédactions
[1] La majeure partie des Français souhaitent réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 %, de préférence dès 2025 (pour 43 % des sondés) ou bien pour 2030 au plus tard (pour 10 % des sondés).
Interrogés sur la perspective de prolonger l’exploitation des réacteurs nucléaires actuels, les interviewés se montrent majoritairement opposés à un prolongement au-delà de 40 ans (55 %), et plus de deux sur trois rejettent l’idée d’un prolongement au-delà de 50 ans (68 %).
http://transitionenergetique.org/actualites/programmation-pluriannuelle-de-lenergie-les-francais-veulent-accelerer-la-transition-energetique-et-reduire-sans-delai-la-part-du-nucleaire-a-50/
[2] Il s’agit du scénario WATT et la variante haute du scénario Ampère de RTE (2017) qui proposent de fermer respectivement 54 t et 27 réacteurs, à horizon 2035 https://www.rte-france.com/sites/default/files/bp2017_chapitre_09.pdf