Qui souffle le chaud et le froid en matière d’écologie ?
Jeudi 24 mars, Greenpeace France met en ligne un décryptage des programmes de l’ensemble des candidats et candidates à la présidentielle à l’attention de tous les électeurs et électrices à la recherche d’un ou une présidente vraiment crédible sur le climat et l’écologie.
“Notre travail d’analyse permet notamment de faire le tri entre les programmes qui font l’impasse sur les questions climatiques et écologiques, ceux qui mettent en avant de fausses solutions ou ne vont pas assez loin et ceux qui, au contraire, contiennent des mesures ambitieuses pour faire face à la crise environnementale, ainsi qu’à l’effondrement de la biodiversité. Tous les programmes ne se valent pas sur ces enjeux et il est essentiel, à l’approche de l’échéance électorale, de donner à voir aux citoyens et citoyennes les niveaux d’engagement très différents des candidat·es.” commente Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
De façon tragique, la guerre en Ukraine est venue bouleverser cette élection présidentielle en mettant un peu plus en évidence la toxicité et la vulnérabilité de notre système économique : addiction aux énergies fossiles qui alimentent la crise climatique et financent la guerre, fragilité de notre modèle agricole industriel et productiviste, menace d’un accident nucléaire etc … Sur toutes ces questions, il est urgent d’engager enfin une réelle transition.
Qu’il s’agisse de faire face à la crise post-COVID, à l’emballement climatique ou à la guerre en Ukraine, les solutions portées notamment par notre organisation sont plus que jamais d’actualité.
Alors que cette transition passera nécessairement par des efforts de sobriété, de solidarité et de transformation radicale de plusieurs secteurs particulièrement polluants, plusieurs candidat·es refusent de voir la réalité en face et préfèrent souvent caricaturer le discours écologique plutôt que de se saisir des enjeux. On les retrouve notamment à droite et à l’extrême droite de l’échiquier politique (mais pas que…) avec une propension à empiler les slogans de greenwashing et les fausses solutions : relance du nucléaire, porte ouverte aux nouveaux OGMs, mythe de l’avion “vert” comme solution miracle…
A l’inverse, des candidats comme Jean-Luc Mélenchon ou Yannick Jadot placent réellement l’écologie et le climat au cœur de leur projet. Ils proposent par exemple la mise en place d’un ISF climatique pour mettre à contribution ceux qui polluent le plus et pour financer la transition écologique ; ils s’engagent aussi sur l’objectif d’une énergie 100% renouvelable et le développement des économies d’énergie, contre la déforestation importée et l’exploitation minière en eaux profondes ou encore pour la fin de l’élevage intensif. Quelques autres candidats portent aussi certains de ces enjeux, mais de manière souvent moins ambitieuse.
Quant au président sortant, Emmanuel Macron, il vient de dévoiler un programme au moins aussi déplorable que son bilan, c’est-à-dire sans réelle ambition pour le climat alors même qu’il promettait d’être un champion en la matière en 2017. Après un quinquennat perdu pour la lutte contre le changement climatique, sa crédibilité est largement entachée : le jugement de l’Affaire du siècle, les rapports du Haut Comité pour le Climat ou l’appréciation des membres de la Convention citoyenne ont tous pointé du doigt la faiblesse de l’action gouvernementale.
Dans le cadre de ce travail de décryptage de l’offre politique, Greenpeace est également revenue sur plusieurs votes clefs sur l’écologie à l’Assemblée nationale lors du dernier quinquennat. La conclusion est sans appel : sur le CETA, les néonicotinoïdes, les aides sans contreparties aux secteurs polluants durant le COVID ou l’huile de palme, la majorité présidentielle a manqué cruellement d’ambition, à rebours des recommandations des scientifiques et des intérêts des citoyens et citoyennes. Et au sein de “l’opposition”, les votes des députés des différentes familles politiques offrent un éclairage intéressant sur l’ADN de ces dernières et leur volonté réelle d’engager des transformations (ou pas).
Pour aller plus loin, le Réseau Action Climat a également publié une analyse sectorielle des programmes.