Après le Sénat, c’est à l’Assemblée nationale d’étudier dès lundi le projet de loi d’accélération du nucléaire. Greenpeace France déplore un passage à marche forcée du projet de loi et dénonce un texte qui repose sur deux postulats mensongers : la capacité – fantasmée – du nucléaire à répondre à la crise climatique, et la fausse promesse de la souveraineté énergétique que nous assurerait la relance du nucléaire.
En passant de 15 à 20 ans la durée d’application pour les dossiers d’autorisation de construction de centrales, le gouvernement reconnaît que ces réacteurs, s’ils sont construits un jour, ne seront pas en état de marche avant deux décennies. Présenter cette relance comme une solution contre à la crise climatique est un non-sens et va à rebours du consensus scientifique, qui enjoint à réduire de moitié nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
L’autre argument du gouvernement pour justifier la relance nucléaire est la souveraineté énergétique du pays, alors même que les centrales nucléaires françaises dépendent très fortement de pays étrangers, et en particulier de la Russie.
“La relance du nucléaire maintiendrait la France en état de dépendance énergétique envers différents pays, dont la Russie. En pleine guerre en Ukraine, l’industrie nucléaire française continue son commerce d’uranium avec Rosatom dans des quantités loin d’être anecdotiques. En 2022, près d’un tiers de l’uranium enrichi nécessaire au fonctionnement de nos centrales nucléaires pour une année a été importé de Russie. Aujourd’hui, l’urgence est de couper le cordon qui nous lie au régime de Vladimir Poutine et de miser sur les énergies renouvelables, la sobriété et l’efficacité énergétique”, dénonce Pauline Boyer, chargée de campagne Nucléaire à Greenpeace France.
Enfin, le gouvernement foule du pied ses engagements de respecter le débat sur la programmation énergétique à venir en tenant un un double discours sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) :
“Le gouvernement feint de vouloir réserver ces discussions pour le projet de loi de programmation énergie-climat, mais dans le même temps il la sabote en sous-main. La suppression de l’objectif de réduction nucléaire de 50 %, du seuil maximal de puissance issue du nucléaire ou encore l’ajout par le gouvernement d’un objectif de décarbonation, constituent un cavalier législatif et un détournement de procédure. Il outrepasse ainsi ses droits et piétine le rôle du CESE, qui aurait dû être consulté”, déclare Laura Monnier, responsable juridique à Greenpeace France.
Dans le même esprit, le gouvernement profite de cette loi pour ajouter un autre cavalier législatif en faisant intégrer de force l’IRSN au sein de l’ASN, sans aucune réflexion sur les conséquences de cette réorganisation sur la sûreté nucléaire.