Protection des océans : Greenpeace lance une expédition de l’Arctique à l’Antarctique pour demander un traité international ambitieux
Aujourd’hui, Greenpeace lance l’une des plus grandes expéditions de son histoire : son bateau l’Esperanza part de Londres pour effectuer un voyage d’exploration qui durera près d’un an, reliant le pôle Nord au pôle Sud. L’objectif de cette mission est de mettre en lumière les nombreuses menaces qui pèsent sur les océans, et d’appeler à l’adoption d’un traité international [1] ambitieux permettant la création d’un réseau de réserves marines en haute mer, seul outil efficace pour protéger les océans.
Le bateau fera escale dans de nombreuses régions qui, d’après le rapport scientifique publié la semaine dernière par Greenpeace, doivent impérativement être protégées. A bord, les membres de Greenpeace et les scientifiques étudieront les écosystèmes menacés par les impacts causés par les changements climatiques, la surpêche, la pollution plastique, les extractions minières ou les forages pétroliers.
« Notre planète bleue est en alerte rouge, s’alarme Edina Ifticène, chargée de campagne Océans pour Greenpeace. Cette expédition va nous conduire sur les zones qui sont en première ligne de la bataille que nous menons pour protéger nos océans. L’aide des scientifiques à bord sera précieuse pour comprendre les bouleversements que subissent nos océans et leurs écosystèmes, mais aussi pour savoir comment agir. »
« Il est impératif que les Etats membres de l’ONU, qui négocient un traité sur la haute mer, saisissent bien les enjeux d’un tel outil, poursuit Edina Ifticène. Comme le demande la communauté scientifique internationale, ce traité doit rendre possible la création d’un réseau mondial de réserves marines qui protège au moins un tiers des océans d’ici à 2030 des activités humaines néfastes. Ceci est indispensable si nous voulons préserver la biodiversité marine, mais aussi lutter contre les changements climatiques et garantir la sécurité alimentaire de millions de personnes. En réalité, notre avenir dépend de celui des océans, ils sont étroitement liés… »
L’Esperanza sera présent dans la région du Récif de l’Amazone, au large de la Guyane et du Brésil, à partir de la fin du mois d’août, poursuivant ainsi l’engagement de Greenpeace dans cette région unique et menacée par l’industrie pétrolière. Ce récif fait partie d’une zone d’importance écologique et biologique bien plus vaste qui s’étend jusqu’en haute mer. Les recherches permettront de documenter les fonds marins autour du récif et les espèces iconiques qui y évoluent, afin de démontrer qu’aucune marée noire ne devrait menacer ces écosystèmes.
Expédition “De l’Arctique à l’Antarctique” : les escales
Arctique : à son départ de Londres, l’Esperanza mettra le cap sur le pôle Nord. Une équipe pluridisciplinaire composée de spécialistes du climat et de la biologie marine étudieront les impacts des changements climatiques sur la région et sa biodiversité, notamment les baleines et les ours polaires.
Lost City : l’équipage plongera à près d’un kilomètre de profondeur pour documenter la “citée perdue”, un champ hydrothermal situé au milieu de l’océan Atlantique qui pourrait nous aider à comprendre les origines de la vie sur Terre. Des activités d’extraction minière en eaux profondes ont récemment été autorisées dans la zone, ce qui pourrait infliger des dommages irréversibles à la biodiversité du site.
Mer des Sargasses : des recherches seront effectuées sur les conséquences de la pollution plastique sur cet écosystème unique. La mer des Sargasses se caractérise par des forêts d’algues flottantes qui sont le refuge des jeunes tortues marines et un lieu de reproduction des anguilles.
Récif de l’Amazone : cet écosystème unique et préservé, qui s’étend au moins de l’embouchure de l’Amazone jusque dans les eaux guyanaises, n’a été identifié que très récemment. A cet endroit, le plus grand fleuve du monde se jette dans l’océan. Des écosystèmes complexes et fragiles de coraux et d’éponges abritent des poissons colorés, des baleines et des tortues. Il est menacé par l’industrie pétrolière.
Mont Vema : un deuxième bateau de Greenpeace, l’Arctic Sunrise, se rendra sur le site du mont Vema, dans le sud-est de l’océan Atlantique. Ce mont sous-marin abrite un écosystème exceptionnel pouvant pointer à 7 mètres sous la surface des eaux. Il a malheureusement été endommagé par la pêche industrielle.
Sud-ouest de l’océan Atlantique : L’Esperanza se rendra dans le “far west” de la pêche industrielle, dans l’océan Atlantique sud, où sévissent certaines pratiques de pêche illicites, non déclarées et non réglementées.
Antarctique : L’Esperanza arrivera en Antarctique (océan Austral) début 2020. Cet écosystème fragile, refuge des manchots, des calamars géants et des baleines bleues, est menacé par les changements climatiques et la pêche industrielle.
Note aux rédactions
[1] Le traité mondial sur la haute mer
La semaine dernière s’est déroulée la deuxième des quatre sessions des négociations de l’ONU sur un traité mondial pour les océans. La troisième session aura lieu au siège de l’ONU à New York en août 2019, et les négociations devraient aboutir lors de la quatrième et dernière session à l’été 2020.
Un traité international ambitieux pourrait constituer le cadre juridique nécessaire à la protection de la haute mer, et ainsi permettre la création de réserves marines, zones d’exclusion d’activités humaines néfastes. Greenpeace demande la mise en place d’un réseau de réserves marines qui couvrirait au moins un tiers des océans d’ici à 2030, un objectif également défendu par les scientifiques de l’Union internationale pour la conservation de la nature et par un nombre croissant de gouvernements.
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Mélanie Veillaux
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