Paris, le 13 février 2017 – A la veille de la publication des résultats annuels d’EDF, Greenpeace alerte sur l’état des finances de l’entreprise. EDF, surendettée, s’obstine dans une stratégie industrielle incohérente. Son PDG, Jean-Bernard Lévy, promettra sans doute demain, comme depuis plusieurs années, que le flux de trésorerie disponible, le « free cash flow », repassera en positif en 2018. Le free cash-flow, c’est la trésorerie générée par l’activité de l’entreprise sur une année. Positif, il signifie que l’entreprise est rentable et peut poursuivre ses investissements. Négatif, l’entreprise doit emprunter pour financer son activité. Pour EDF, il est négatif depuis dix années et est devenu l’indicateur principal de sa faillite. Il est quasiment impossible, en raison des orientations stratégiques prises par les dirigeants du groupe, qu’il devienne positif à moyen terme et que les finances d’EDF s’assainissent.
Le « free cash flow » négatif : l’épée de Damoclès au-dessus d’EDF
Depuis dix ans, l’entreprise a accru sa dette de 166% pour financer des investissements principalement dans le nucléaire. Mais ces investissements très lourds n’ont pas créé de la richesse pour l’entreprise. Le « free cash flow » est resté négatif pendant ces années, ne permettant donc pas de rembourser la dette accumulée par EDF, qui s’élève aujourd’hui à 74 milliards d’euros.
Les rachats de Constellation aux Etats-Unis (acheté 5,3Md€ en 2008-2009, déprécié de 1,5Md€ depuis) et de British Energy au Royaume-Uni (acheté 15,8 Md€ en 2008, déprécié de 2Md€ depuis) ont en effet été toxiques pour l’entreprise. A cela s’additionne le chantier interminable de l’EPR de Flamanville, dont les coûts ont déjà été multipliés par trois et risquent encore d’augmenter dans les années à venir.
« Quand on regarde sa stratégie actuelle, on réalise que les dirigeants d’EDF, Jean-Bernard Lévy en tête, n’ont tiré aucune leçon des erreurs du passé. Ils s’engagent sur des investissements encore plus risqués : Hinkley Point, le rachat d’Areva, une entreprise en faillite, ou encore les très coûteux travaux liés à la prolongation du parc nucléaire français », explique Cyrille Cormier, chargé de campagne Energie pour Greenpeace.
La stratégie nucléaire d’EDF : un suicide financier
Les investissements dans lesquels EDF s’est engagée sont du même type que les investissements passés. Mais le contexte aujourd’hui n’a jamais été aussi défavorable au nucléaire.
Pour Cyrille Cormier, « les coûts de production du nucléaire augmentent de manière exponentielle alors que les prix de vente de l’électricité sur les marchés ne cessent de baisser. Si on rappelle que les énergies renouvelables sont en plein développement, qu’elles sont moins chères et moins risquées, il est évident qu’EDF fait fausse route ».
Et tous ces investissements ne prennent pas en compte les sommes faramineuses qu’EDF devra débourser pour financer ses charges de démantèlement et de gestion des déchets nucléaires. Une étude du cabinet d’analyse financière AlphaValue évaluait fin 2016 à 50 milliards d’euros le sous-provisionnement de ces charges dans les comptes d’EDF. En janvier 2017, un rapport parlementaire pointait du doigt l’excès d’optimisme vis-à-vis des coûts provisionnés pour le démantèlement.
« L’insincérité des comptes d’EDF vise à cacher la situation financière extrêmement dégradée de l’entreprise. Rappelons que le parquet national financier a ouvert une enquête préliminaire sur les comptes de l’entreprise en décembre 2016, souligne Cyrille Cormier. Demain, Jean-Bernard Levy devra s’exprimer le plus clairement sur ces sujets cruciaux pour l’avenir de l’entreprise publique ».