Alors que le climat a été le grand absent de la campagne présidentielle et que ces dernières semaines ont été rythmées par un bal de fausses solutions promues par nombre de candidats et candidates à l’élection présidentielle, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie aujourd’hui le troisième volet de son sixième rapport d’évaluation. Cette nouvelle publication détaille par grands secteurs (énergie, transport, agriculture…) les solutions pour freiner le changement climatique. Elle étudie les leviers politiques, démocratiques, économiques et sociaux pour engager la transition vers un modèle décarboné, soulignant l’importance des cadres d’action collective pour entraîner les États sur la bonne voie. Enfin, la publication s’attarde sur les responsabilités et les conséquences du changement climatique, inégalement portées et supportées.
En février dernier, le deuxième volet de ce rapport décrivait les impacts irrémédiables du dérèglement climatique, qui affectent directement des millions de personnes et l’ensemble des écosystèmes dans le monde. A six jours du premier tour de l’élection présidentielle, la publication du GIEC apporte cette fois une lueur d’espoir : si nous nous y attelons dès maintenant, il est encore possible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, conformément aux limites fixées dans le cadre de l’Accord de Paris. L’observation des politiques en vigueur offre toutefois une perspective alarmante : actuellement, les États choisissent d’ignorer les solutions objectives mises en avant par le groupe d’experts au profit d’un statu quo court-termiste, et les trajectoires en cours préparent le chaos. Ainsi, le rapport met en exergue le retard pris par les gouvernements et la nécessité d’opérer sans plus attendre un virage à 180 degrés.
“Ce rapport sonne comme un rappel à l’ordre brutal pour nos dirigeants politiques, selon Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et nous suivons une trajectoire chaotique pour l’humanité. Pour autant, le GIEC réaffirme que nous avons une ultime chance de limiter le réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle si nous appliquons les solutions qui sont non seulement connues, mais aussi disponibles. Cela passe par un changement de paradigme politique, qui assume de réaligner l’économie avec les limites planétaires et mette fin au dogme de l’hyperconsommation. Hélas, par ignorance ou démagogie, de nombreux candidat·es à l’élection présidentielle, comme Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen ou Eric Zemmour, continuent de se poser aux antipodes des conclusions scientifiques. La catastrophe climatique n’est pas une fatalité, elle dépend avant tout des choix politiques et donc du pouvoir des urnes.”
D’ici à 2030, une réduction de plus de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre est nécessaire et possible à un coût économique faible. L’argent pour engager ces transitions existe, mais il doit être mobilisé et encadré par la puissance publique, notamment afin de réorienter vers la transition écologique les flux financiers qui continuent d’abonder largement les énergies fossiles. Les leviers les plus efficaces pour réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre sont l’énergie solaire et éolienne, la protection et la restauration des écosystèmes forestiers, et la transition agricole et alimentaire. Le partage de l’effort de décarbonation doit être équitable, le GIEC pointant la responsabilité proéminente des États et des populations les plus aisées. Enfin, la transition juste est considérée comme un levier pragmatique.
“Les conclusions de ce nouveau rapport sont sans équivoque : l’efficacité énergétique, la réduction de la demande en énergie ainsi que le développement de l’énergie solaire et éolienne sont les clés de la lutte contre le changement climatique en matière d’énergie. Pourtant, le gouvernement d’Emmanuel Macron est le cancre de l’Europe, la France étant le seul pays parmi les 27 à ne pas avoir respecté ses propres objectifs de développement des énergies renouvelables en 2020. Comme lui, plusieurs candidats à l’élection présidentielle continuent de miser sur le nucléaire. La science est pourtant claire: l’énergie nucléaire a un potentiel de réduction des émissions de CO2 neuf fois moindre que l’éolien et le solaire d’ici à 2030 et à un coût largement supérieur », commente Pauline Boyer, chargée de campagne transition énergétique à Greenpeace France.
La synthèse du sixième rapport d’évaluation est prévue le 3 octobre prochain. Durant la COP 27 qui se tiendra en novembre 2022, les Etats seront amenés à renforcer et revoir leurs objectifs d’émission de gaz à effet de serre. S’ils veulent être crédibles et prendre les décisions qui s’imposent pour éviter l’emballement climatique, ils devront s’approprier et s’engager à mettre en œuvre les solutions fléchées dans ce sixième rapport.
Des marches climat sont organisées le 9 avril dans toute la France pour mettre le ou la futur·e président·e face aux responsabilités historiques qui lui incomberont durant son mandat.
Notes aux rédactions
- Vous trouverez ici le décryptage des programmes des candidats et candidates à l’élection présidentielle réalisé par Greenpeace France.