En août dernier, le GIEC soulignait que les changements climatiques récents à grande échelle étaient d’une nature sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité, et qu’ils étaient sans aucun doute liés à l’activité humaine.
En se concentrant sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, ce nouveau rapport du GIEC met en évidence à quel point les impacts du dérèglement climatique sont déjà graves, affectant directement des millions de personnes et de nombreux écosystèmes dans le monde entier.
Les inégalités climatiques au grand jour
Ce rapport est un cruel rappel que le réchauffement climatique ne concerne pas uniquement la planète, mais avant tout les personnes qui y vivent, ou, pour beaucoup trop d’entre elles, tentent d’y survivre.
Les limites de l’adaptation sont déjà atteintes, les communautés les plus vulnérables et les moins responsables de la crise climatique sont affectées de manière disproportionnée. Les faits concrets présentés dans ce rapport rendent plus évidents encore le manque d’action et d’engagement des pays les plus émetteurs et la nécessité de justice climatique, plaçant les droits et les besoins des personnes les plus vulnérables au cœur de l’action climatique, encore plus urgent.
« Ce rapport démontre que les changements climatiques nécessitent une réponse globale et une solidarité sans faille entre les États et les populations. Nous devons de toute urgence changer de modèle de société, non seulement en sortant des énergies fossiles ou en privilégiant une agriculture agro-écologique, mais aussi en organisant un partage de l’effort efficace et équitable envers les populations les plus modestes et les plus vulnérables« , souligne Clément Sénéchal, chargé de campagne Climat pour Greenpeace France.
« Les promesses ne sont pas suffisantes pour rattraper le retard sur l’objectif de l’Accord de Paris. Il est temps d’organiser le partage de l’effort de sobriété, grâce à des mesures structurantes qui mettent d’abord à contribution ceux qui émettent le plus de gaz à effet de serre, à savoir la régulation des multinationales et la taxation des flux financiers, ainsi que les catégories les plus riches qui ont une empreinte carbone démesurée à travers leur activité économique et les flux financiers. La transition écologique doit être juste ou elle ne se fera pas« .
Depuis le précédent rapport du GIEC, les risques climatiques surviennent désormais plus rapidement et leur gravité sera plus précoce. Le GIEC constate que la mortalité due aux inondations, à la sécheresse et aux tempêtes était 15 fois plus élevée dans les régions déjà très vulnérables lors de la dernière décennie, par rapport aux régions à très faible vulnérabilité. Le rapport reconnaît également l’importance cruciale de lutter en même temps contre les crises du climat et de la biodiversité. Ce n’est qu’en agissant efficacement sur la protection et la restauration des écosystèmes que nous pourrons renforcer leur résilience face au réchauffement climatique et protéger les populations qui en dépendent.
La responsabilité des candidat·es à la présidentielle en jeu
En France, ce rapport est publié en pleine campagne présidentielle, et au moment même où des associations déplorent le peu de place accordé aux questions environnementales dans le débat politique. Quand la question n’est pas tout simplement ignorée, elle est reléguée après 23h, loin des prime time et des éditions spéciales.
Pour Greenpeace, l’ensemble des candidats et candidates doivent s’emparer de cette thématique cruciale pour l’humanité. Or nombreux sont ceux qui passent à côté du sujet ou se limitent à promouvoir de fausses solutions en faisant de l’environnement et du climat un enjeu secondaire et cosmétique.
La présidence de la République a un rôle prépondérant dans les orientations de la puissance publique. Au lendemain du second tour de l’élection présidentielle, le ou la président·e de la République nouvellement élu·e aura la lourde tâche de rattraper le temps perdu sur le front climatique et de sortir notre pays de l’illégalité. Car la France, qui ne respecte pas elle-même l’Accord de Paris sur le climat, a été doublement condamnée en 2021 par la justice dans le cadre de l’affaire de Grande-Synthe et de l’Affaire du Siècle.
La mobilisation climatique ne doit pas faiblir
Les rapports du GIEC sont indispensables aux débats sur les mesures à adopter face aux problématiques urgentes de l’adaptation, des pertes et des dommages. Ils donneront un cadre aux discours de préparation en vue de la Conférence internationale sur le climat, la COP27, qui se déroulera en Égypte en novembre 2022. Les pays devront alors s’engager quant à la révision de leurs objectifs nationaux pour limiter le réchauffement à 1,5°C, conformément à l’Accord de Paris.
« On se méprend trop souvent sur l’état d’avancement du réchauffement climatique et ce rapport du GIEC remet les pendules à l’heure. A force d’inaction, les risques prédits se réalisent et les prévisions s’aggravent. Alors que les impacts sont tangibles pour des millions de personnes, la classe politique au pouvoir refuse toujours d’agir d’agir, rappelle Clément Sénéchal. Nous ne sommes donc pas au début de la catastrophe, mais à un stade critique. Nous avons la chance d’avoir une communauté scientifique qui fait son travail, de manière infatigable, depuis un demi-siècle. Il faut désormais une réaction majeure de la société« .
Des marches climat sont organisées dans toute la France le 12 mars prochain pour porter des demandes fortes et exiger que nos politiques prennent enfin leurs responsabilités.
Notes aux rédactions :
Dans un récent rapport, Oxfam France et Greenpeace France ont révélé que le patrimoine financier de 63 milliardaires français émet autant de gaz à effet de serre que celui de 50 % de la population française.
Les quatre organisations à l’origine de l’Affaire du Siècle ont lancé un appel demandant aux médias de s’emparer de toute urgence de la question climatique et d’exiger des réponses concrètes des candidat·es.