Dans un rapport publié ce jeudi, Greenpeace France propose que les entreprises pétro-gazières soient mises à contribution pour financer la réparation des dommages liés au réchauffement climatique, dont elles sont les principales responsables. Ces coûts, amenés à doubler d’ici à 2050 en France, reposent jusqu’à présent uniquement sur les particuliers, alors que les entreprises pétro-gazières ne participent pas, malgré leurs gigantesques profits.
Le système assurantiel est mis à rude épreuve par l’emballement de la crise climatique. La multiplication et l’intensification des phénomènes extrêmes comme les inondations, les sécheresses ou les tempêtes font exploser le coût des dommages matériels aujourd’hui supportés par les particuliers via leurs impôts et les primes assurantielles, dont le régime solidaire Catastrophe naturelle. Les sinistrés doivent assumer un reste à charge important, et parfois l’intégralité des coûts si le régime de catastrophe naturelle n’est pas déclaré par l’État.
Pourtant, les principaux responsables du réchauffement climatique et de ses conséquences ne participent aucunement au pot commun pour dédommager les personnes sinistrées.
Selon le GIEC, les compagnies qui produisent du gaz, du pétrole et du charbon sont en effet responsables de 86% des émissions de CO2 dans le monde sur la dernière décennie. Leur activité a un coût pour la société qui peut être estimé grâce à la méthodologie du coût social du carbone. L’approche consiste à affecter une valeur monétaire aux pertes économiques engendrées par l’émission d’une tonne de carbone dans l’atmosphère. Greenpeace France a appliqué cette méthode aux plus grandes entreprises pétro-gazières occidentales et estime que l’activité de TotalEnergies aurait coûté environ 23 milliards d’euros à la société au niveau global en 2023. Le coût social du carbone cumulé de Exxon Mobil, Chevron, BP et Shell approcherait les 144 milliards de dollars cette même année. Il est donc parfaitement légitime d’exiger que ces entreprises contribuent à financer les dégâts qu’elles causent, en France et dans le monde, selon le principe du pollueur-payeur.
Dans le monde en 2023, le coût des pertes et dommages engendrés par des évènements climatiques extrêmes était de 301 milliards de dollars. En France la même année, ce coût s’est élevé à 6,5 milliards d’euros.
Pour Sarah Cleaver, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France :
« Alors que le gouvernement présente aujourd’hui le projet de loi de finances pour 2025, nous lui demandons d’instaurer un partage de l’effort plus juste pour faire face aux catastrophes climatiques. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat qui frappent un grand nombre de foyers nécessitent que l’État, qui est à la recherche de recettes, aille chercher de l’argent là où il est : dans les poches des plus gros pollueurs comme TotalEnergies. En 2023 en France, TotalEnergies a engrangé près de 20 milliards d’euros de profits : moins d’un tiers aurait suffi à financer les dégâts matériels survenus en France durant l’année. Les entreprises pétro-gazières ont largement de quoi contribuer à l’effort de financement des dommages dont elles portent une grande part de responsabilité. En France, le gouvernement pourrait imposer aux entreprises du secteur des fossiles de contribuer obligatoirement au régime Catastrophe naturelle. Il pourrait aussi mettre en oeuvre une taxe durable sur leurs profits dont la recette serait fléchée vers le financement des dommages, et d’une transition énergétique juste et équitable. »