Alors que selon un sondage BVA pour Greenpeace France, 65 % des Français·es seraient favorables à l’interdiction des publicités pour les marques contribuant au changement climatique [1] et que le sujet de la régulation de la publicité connaît un intérêt croissant dans le débat public, Greenpeace France, le Réseau Action Climat et Résistance à l’Agression Publicitaire (RAP) se mobilisent pour réclamer une « loi Évin Climat » en référence à la loi de janvier 1991 qui encadre strictement la publicité pour l’alcool et le tabac.
Jeudi 18 juin, les trois ONG publient un rapport qui présente le détail de cette mesure visant à interdire les publicités faisant la promotion de produits néfastes pour le climat en commençant par les secteurs de l’aérien, de l’automobile, du maritime et des énergies fossiles [2].
Pointant du doigt le rôle majeur de la publicité sur la consommation et l’imaginaire collectif, le rapport développe l’idée d’une loi Évin Climat et insiste sur la pertinence d’introduire une interdiction de la publicité pour ces secteurs afin de véritablement agir sur la perception culturelle et symbolique de leurs produits.
Il rappelle par ailleurs qu’en 2019, les investissements de publicité et de communication des secteurs automobile, aérien et énergies fossiles en France sont estimés à plus de 5,1 milliards d’euros (dont 4,3 milliards d’euros rien que pour l’automobile), ce qui montre l’ampleur de l’influence exercée par ces marques [3].
À quelques jours de la session finale de la Convention Citoyenne pour le Climat, des militant·es des groupes locaux parisiens de Greenpeace et de RAP ont recouvert ce matin des publicités jugées climaticides afin de dénoncer leur présence dans l’espace public de la capitale.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques pour Greenpeace France :
« Si la transition écologique doit être au cœur du monde d’après, alors soyons cohérents : cessons de laisser prospérer un système qui autorise les secteurs de l’automobile, de l’aviation ou des énergies fossiles à investir des milliards pour promouvoir des activités climaticides. On ne peut pas demander aux individus de réduire leur empreinte carbone tout en laissant les industriels déployer des moyens massifs pour les persuader du contraire. On ne peut pas imposer aux ménages une taxe carbone, tout en encourageant la consommation massive de biens et services climaticides. Ce “en même temps” cher au gouvernement relève en réalité d’injonctions contradictoires. Les tolérer, c’est maintenir le statu quo. Malheureusement, le changement climatique n’est pas une fiction : il est réel et compte de nombreuses victimes à son actif. »
Pour Anne Bringault, responsable Transition énergétique du Réseau Action Climat :
« C’est un sujet qui préoccupe de plus en plus les citoyen·nes, comme l’ont montré avec justesse les travaux de la Convention citoyenne pour le Climat, qui doit adopter ses propositions finales ce week-end. Alors que les SUV sont la 2e cause de hausse des émissions de CO2 au niveau mondial selon l’AIE, inciter à l’achat de véhicules polluants ne doit plus être possible ».
Pour Khaled Gaiji, porte-parole de RAP :
« Afin de baisser drastiquement la consommation de tabac, en France, nous avons fait interdire sa publicité dans les années 90, et cela s’est avéré efficace. Si le climat est le défi du siècle, qu’attendons-nous pour faire de même avec les énergies fossiles ? Commencer par renoncer aux publicités liées aux énergies fossiles, comme l’a fait le Guardian début 2020, c’est aussi une manière de dire qu’on ne peut plus vendre du rêve aux consommateur·rices sur le dos du climat ».
Le rapport est disponible ici
Toutes les photos de la mobilisation militante sont disponibles ici
Notes aux rédactions :
[1] Voir page 11 du sondage réalisé par BVA pour Greenpeace France et rendu public le 14 juin 2020.
[2] A l’exception des véhicules dédiés aux services de transports en commun de proximité.
[3] Montants des investissements bruts hors remise.