[Rapport] Un cocktail de pesticides décelé dans des citrons verts importés du Brésil dans l’Union européenne

Greenpeace met en garde contre les conséquences de l’accord UE-Mercosur

Un rapport publié aujourd’hui par Greenpeace révèle la présence de résidus de plusieurs pesticides dans des citrons verts produits au Brésil et vendus dans l’Union européenne [1]. Un laboratoire accrédité et certifié a analysé plus de 50 échantillons de citrons verts achetés dans des supermarchés et des marchés de gros en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas et en Suède, et trouvé des résidus de pesticides dans tous les échantillons sauf un. Ces pesticides, dont l’herbicide glyphosate et les insecticides imidaclopride et cyperméthrine, sont vendus par des entreprises européennes au Brésil, l’un des principaux utilisateurs de pesticides au monde.

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Plus de la moitié des pesticides décelés sont considérés comme très dangereux car présentant un risque élevé pour la santé humaine, les animaux ou l’environnement [2]. Concernant les citrons verts achetés dans des supermarchés français, 4 lots de un kilo ont été testés : tous contenaient plusieurs résidus de pesticides, dont certains hautement dangereux (HPP). Or, si l’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) voyait le jour, il supprimerait les droits de douane sur les exportations européennes de pesticides vers les pays du Mercosur et limiterait les contrôles sur les produits alimentaires importés, impliquant une forte hausse de l’utilisation des pesticides et donc de leurs effets néfastes.

© Verena Brüning / Greenpeace

« L’accord UE-Mercosur est toxique. Les géants européens de la chimie produisent et exportent déjà vers le Brésil de nombreuses substances toxiques, dont certaines ne sont même pas autorisées dans l’UE, alors que cette dernière les réimporte de fait sous la forme de résidus dans les aliments. L’accord encouragera le commerce des pesticides et amplifiera ce cycle toxique. En outre, il cimentera entre les deux parties une relation néo-coloniale et extractiviste qui favorise l’UE, et perpétuera un modèle économique qui détruit notre planète. Greenpeace appelle les responsables politiques à enterrer l’accord UE-Mercosur une fois pour toutes », déclare Lis Cunha, chargée de campagne agriculture à Greenpeace Allemagne.

Le projet d’accord commercial UE-Mercosur est en cours de négociation depuis 1999. Malgré les objectifs déclarés de la Commission européenne de réduire l’utilisation des pesticides, l’accord favorise en réalité le commerce des pesticides.

« Les pesticides empoisonnent déjà des milliers de personnes chaque année au Brésil et tuent des millions d’abeilles, pour ne citer que deux des nombreuses conséquences. Qui va donc bénéficier de l’accord entre l’UE et le Mercosur ? Les industries nuisibles, telles que l’industrie des pesticides, mais certainement pas les populations d’Europe ou d’Amérique du Sud », rappelle Marina Lacorte, chargée de campagne pour l’alimentation et l’agriculture à Greenpeace Brésil.

À ce jour, l’utilisation de plus de 3000 pesticides commerciaux est autorisée au Brésil. En février 2023, 63 % des ingrédients actifs autorisés au Brésil n’avaient pas d’autorisation correspondante dans l’UE. Un tiers des substances actives décelées par les analyses en laboratoire, dont l’imidaclopride, la cyperméthrine et le glyphosate, sont présentes dans des pesticides vendus au Brésil par les entreprises européennes BASF et Bayer. Ces entreprises devraient tirer profit de l’accord commercial, qui supprimerait les droits de douane sur plus de 90 % des exportations européennes de produits chimiques, y compris les pesticides.

Principales conclusions de l’étude menée par Greenpeace Allemagne :

 

Notes aux rédactions :
[1] Greenpeace a acheté des citrons verts brésiliens dans des supermarchés et des marchés de gros dans huit pays européens entre le 3 et le 10 mars 2023. Seuls des citrons verts conventionnels, c’est-à-dire non biologiques, ont été achetés. Au total, 52 échantillons d’au moins 1 kg chacun ont été achetés et testés en laboratoire.

[2] La totalité du fruit a été analysée, y compris l’écorce. Les tests ont été réalisés conformément aux spécifications d’analyse en vigueur au sein de l’UE et en Allemagne. Voir le Journal officiel de l’Union européenne (2017). Règlement (UE) 2017/625 du Parlement européen et du Conseil et Bundesinstitut für Risikobewertung.