La personne qui endossera le rôle de Première ministre est désormais connue : c’est Elisabeth Borne, précédemment ministre des Transports, puis de la Transition écologique, où elle s’est illustrée par un méthodique maintien du statu quo au cours de l’année où elle a été à ce poste. “Que ce soit dans le cadre de la loi d’Orientations des mobilités qui s’est avérée décevante, la loi Climat-énergie où elle a fait reculer de 10 ans le délai accordé à la réduction du nucléaire dans le mix énergétique, ou encore son engagement (vain) à “mettre en œuvre” les 146 mesures qui n’ont pas été retoquées par le Président lui-même, Elisabeth Borne n’a pas brillé par des positions fortes et ambitieuses sur l’écologie. Sa nomination n’augure donc guère d’espoir de voir la France opérer sa transition écologique comme l’urgence climatique l’y oblige pourtant” rappelle Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.
À son passif en tant que ministre des Transports et de la Transition écologique, on peut également citer la tentative de maintien de la niche fiscale sur les biocarburants issus de l’huile de palme, selon le voeu de Total et son approbation au relâchement face aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre (budget carbone 2019-2023).
À court de crédibilité, Emmanuel Macron avait agité une nouvelle trouvaille marketing sur l’écologie pendant l’entre deux tours : un premier ministère “directement chargé de la planification écologique”. La France ayant des objectifs climatiques pluriannuels, les anciens premiers ministres étaient de fait déjà redevables de cette charge, en étant les premiers responsables d’une politique chargée d’atteindre ces objectifs. Leurs politiques successives ont mené la France à être deux fois condamnée pour inaction climatique. Rappelons également qu’Emmanuel Macron a déjà créé une institution placée sous la tutelle de Matignon chargée de guider l’action générale du pouvoir exécutif en rapport avec la crise climatique : il s’agit du Haut conseil pour le climat, dont les recommandations ont jusqu’ici été méticuleusement ignorées et dont les constats sont sévères à l’égard de l’action du gouvernement.
Greenpeace France ne croit pas aux effets de casting régulièrement servis par Emmanuel Macron, dont la crédibilité environnementale a été largement entamée par le premier quinquennat. À ce stade, seule une présence forte de député-es capables de porter des mesures écologiques et sociales ambitieuses à l’Assemblée nationale permettra de mettre le pays au diapason de l’enjeu climatique.