Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a confirmé hier soir l’injection de la somme colossale de 7 milliards d’euros pour aider Air France, sous forme de prêts bancaires garantis par l’Etat (4 milliards) ainsi que de prêts directs de l’Etat (3 milliards). Devant le tollé soulevé par les associations environnementales, le ministre a également assuré qu’il ne s’agissait pas là d’un « chèque en blanc » mais qu’Air France devait devenir “la compagnie aérienne la plus écologique de la planète”, en réduisant ses émissions de CO2 et en transformant sa flotte pour la rendre moins polluante.
“La transformation d’Air France est effectivement indispensable dans le contexte de crise climatique, mais les belles formules ne suffiront pas, réagit Sarah fayolle, chargée de campagne Transports chez Greenpeace France. Au delà des incantations, nous voulons savoir comment y parvenir, alors qu’aucune contrainte, aucun moyen de sanction, aucune ambition n’ont été inscrits dans la deuxième loi de finances rectificative ! De plus, comment ces garanties ont-elles ou seront-elles établies et avec quelle transparence ? Quel contrôle démocratique de ce “plan écologique” promis en contrepartie de l’argent public apporté à l’entreprise sera possible ? Quel contrôle de sa cohérence réelle avec l’urgence climatique puis de sa mise en oeuvre effective ? Pour l’instant, nous n’avons aucun élément là dessus”.
Des premières pistes seraient sur la table pour ces contreparties écologiques : le gouvernement aurait ainsi indiqué que l’avion ne se justifie plus quand une alternative en train de moins de 2h30 existe : “Il n’y a pas mille solutions pour rendre moins polluant le secteur aérien, si ce n’est de réduire le trafic et le nombre d’avions dans le ciel, continue Sarah Fayolle. Interdire les vols courts, quand une alternative plus écologique existe, doit être l’une des premières mesures politiques à mettre en place pour véritablement réduire les émissions du secteur, mais il faudra aller beaucoup plus loin : un vol Paris-Marseille, c’est un peu plus de 2h30 en train et cela reste une aberration climatique. De plus, la compensation carbone, qui serait mise également en avant comme réponse d’Air France, ne peut pas être une solution pour le climat et pose d’importants problèmes sociaux et environnementaux : on ne doit pas compenser les émissions mais les réduire”.
Bruno Le Maire annonçait hier un autre plan de sauvetage de 5 milliards d’euros pour Renault qui, sans contrainte législative, risque d’être un nouveau chèque en blanc aux entreprises polluantes.