Avec plusieurs mois de retard, les chefs d’Etats européens sont attendus sur la hausse des ambitions climatiques de l’Union européenne lors du sommet organisé les jeudi 10 et vendredi 11 décembre. Un accord sur une baisse de 55% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, par rapport à 1990, est actuellement sur la table. Une négociation dans laquelle Emmanuel Macron joue un double jeu en plaidant activement pour sauver le nucléaire français, comme en témoigne son déplacement au Creusot, plutôt que le climat.
“Les résultats du Conseil européen diront si l’Union Européenne est sincère sur le climat. Emmanuel Macron doit cesser d’attiser les divisions au sein des pays progressistes en instrumentalisant ces négociations en faveur d’une industrie nucléaire déclinante et dangereuse. Il doit également bloquer toute tentative d’affaiblir un objectif déjà trop timide, en refusant une baisse des émissions nette, qui inclurait les mécanismes illusoires de compensation carbone. Le recours à l’extension des marchés carbone à tous les secteurs, qui supprimerait ipso facto les objectifs nationaux et la responsabilité des décideurs politiques, serait par ailleurs un tour de passe-passe de mauvais aloi, au moment où le Conseil d’Etat demande au gouvernement de clarifier son action publique sur le climat”, selon Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France.
Dans la foulée, l’anniversaire des cinq ans de l’Accord de Paris sera célébré à l’occasion d’un évènement co-organisé par le Royaume-Uni et la France, le samedi 12 décembre. La France se présente à ces échéances politiques internationales avec un bilan national extrêmement décevant.
“Sous la présidence d’Emmanuel Macron, le pays de l’Accord de Paris est malheureusement en train de perdre son rang dans la lutte contre le changement climatique. Les émissions du territoire national diminuent bien trop lentement pour respecter les objectifs du pays : l’an dernier, elles ont baissé de moins de 1%, soit presque 4 fois moins vite que le reste de l’Union Européenne. En parallèle, les mesures structurantes de la Convention citoyenne pour le climat sont évincées les unes après les autres. Cette combinaison de défaillances tant sur les résultats concrets que sur les moyens mobilisés décrédibilise aujourd’hui la parole d’Emmanuel Macron sur l’enjeu climatique, et l’influence française sur la scène internationale.” poursuit Clément Sénéchal.
Notes aux rédactions :
[1] Depuis son interview sur le média Brut, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations d’amour envers l’énergie nucléaire qu’il place au cœur de la lutte contre le dérèglement climatique. Voir la réaction de Greenpeace France à sa visite à l’usine du Creusot Mardi 8 décembre.
[2] L’ONU estime que l’Union européenne devrait réduire ses émissions d’au moins 7,6% chaque année pour avoir une chance de limiter le réchauffement climatique à 1,5 ° C. Un objectif de réduction des émissions de 55% n’entrainerait qu’une baisse de 5% par an.
[3] Greenpeace a démontré que l’utilisation des puits de carbone pour réduire les émissions n’arrêtera pas la dégradation du climat et ne permettra qu’aux pollueurs de tirer leur épingle du jeu.
https://www.greenpeace.org/eu-unit/issues/climate-energy/45187/europe-cant-rely-on-nature-to-achieve-climate-objectives/
[4] La France ne respecte pas les objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre dont elle s’est dotée en 2015, année de la signature de l’accord de Paris. Elle les a diminuées d’environ 1% annuellement en moyenne depuis 2015, du fait surtout d’hivers particulièrement doux ces 2 dernières années. Il faudrait faire 2 à 3 fois plus pour tenir les objectifs actuels du pays. 7 fois plus pour tenir le 1,5.
Les émissions importées ne cessent d’augmenter, si bien que l’empreinte carbone du pays ne s’améliore pas depuis les années 1990.
Pire, la France a choisi de rehausser son budget carbone pour la période 2019-2023 plutôt que de baisser ses émissions, en repoussant l’effort à la période 2024-2028.