Vendredi 11 mars, à l’issue du Sommet européen informel de Versailles convoqué en réponse à la crise ukrainienne, les Etats membres ont publié une déclaration commune.
Dans son discours, Emmanuel Macron, au nom des 27, appelle à “la sortie de la dépendance européenne au gaz, au pétrole et au charbon russes d’ici 2027”.
Pour Greenpeace France, cette décision sans ambition est une occasion manquée : la date de 2027 est bien trop tardive pour répondre aux enjeux révélés par la guerre en Ukraine. L’urgence climatique commande de s’affranchir à terme de toutes les énergies fossiles quelle que soit leur provenance tout en évitant les fausses solutions dangereuses et inefficaces comme le nucléaire.
Malgré un contexte très sensible, aucune consigne n’a été donnée de rompre les liens toxiques que les industries énergétiques françaises entretiennent avec la Russie. Loin d’être indépendante sur le plan énergétique, la France continue de défendre les intérêts de son industrie en Russie. En laissant TotalEnergies opérer en Russie [1] et en fermant les yeux sur les affaires en cours entre les industries nucléaires françaises et russes [2], elle alimente de facto un conflit qui menace toute l’Europe.
Greenpeace France dénonce le cynisme d’Emmanuel Macron dont la politique énergétique nourrit la guerre et va à rebours de la transition énergétique.
“Alors que toutes les entreprises pétro-gazières occidentales ont renoncé à leurs activités dans le pays, TotalEnergies continue son business en Russie ‘sans pression’, avec la bénédiction de l’Elysée. En plus de réchauffer le climat, le gaz et le pétrole de TotalEnergies financent la guerre du régime russe contre le peuple ukarinien. Jusqu’où Emmanuel Macron est-il prêt à aller pour protéger les intérêts de la major pétro-gazière au détriment de vies humaines? Total doit immédiatement se retirer de Russie” commente Edina Ifticène, chargée de campagne pétrole à Greenpeace France.
Greenpeace rappelle que la France a été le premier soutien du gaz fossile et du nucléaire en menant une bataille pour imposer leur inclusion cet hiver dans la taxonomie européenne. Cette dernière permet de fait à ces énergies toxiques de bénéficier d’un label “vert” et de plus de financement alors que ces énergies ne sont ni vertes, ni de “transition”. [3]
“Le en-même temps d’Emmanuel Macron n’a pas de limite : face à la guerre qui nous rappelle qu’il est urgent de sortir des énergies fossiles et qu’on ne peut minimiser les dangers inhérents au nucléaire, le président-candidat refuse de remettre en cause notre modèle énergétique accro à ces énergies du passé.
Quelle crédibilité peut-il avoir sur la scène européenne alors que la France est le seul pays européen à ne pas respecter ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables, pourtant essentielles à la lutte contre le dérèglement climatique” poursuit Nicolas Nace, chargé de campagne transition énergétique à Greenpeace.
Pour Greenpeace France il est urgent que les responsables politiques prennent des mesures urgentes et concrètes pour sortir des énergies fossiles.
La France doit rompre l’ensemble des contrats qui lient la Russie aux industries énergétiques françaises.
Elle demande également à ce que le gaz fossile et le nucléaire soient exclus de la taxonomie européenne.
Enfin, face à la flambée des prix de l’énergie à venir, et ceux du carburant en particulier, Greenpeace France demande la mise en place d’une taxe sur les profits des énergéticiens pour compenser la hausse des prix de l’énergie pour les populations [4].
[1] Samedi 5 mars, Greenpeace France a mené une action dans le port de Montoir-de-Bretagne pour dénoncer l’arrivée en France d’un méthanier en provenance de Russie et la façon dont ce business finance la guerre.
[2] Voir l’analyse de Greenpeace France du jeudi 10 mars, sur les nombreux liens industriels attestant d’une interdépendance entre les filières industrielles nucléaires russe et française. Par exemple, pour chaque exportation de réacteur nucléaire par Rosatom, l’entreprise publique russe créée et utilisée par Vladimir Poutine pour sa stratégie géopolitique extérieure, jusqu’à 1 milliard d’€ revient à l’industrie française.
[3] Voir la réaction de Greenpeace France à la proposition de la Commission européenne suite au lobbying de la France.
[4] Cette demande est une des sept mesures proposées par le Réseau Action Climat Pour une Europe résiliente et souveraine