Sommet pacte financier : pour une taxation des super-pollueurs

Climat

« Taxons les super-pollueurs ».
La veille du sommet international organisé par Emmanuel Macron, c’est le message projeté sur la façade du palais Brongniart à Paris par Greenpeace France, CARE France et 350.org. Le sommet, qui réunira les 22 et 23 juin des chef·fes d’État et de gouvernement du monde entier, traitera des enjeux de financements de la transition écologique.
Les ONG exigent la taxation des industries les plus polluantes pour soutenir financièrement les pays vulnérables frappés par le changement climatique.

En effet à elles seules, les cinq plus grosses entreprises fossiles occidentales (TotalEnergies, BP, Shell, ExxonMobil et Chevron) ont réalisé plus de 200 milliards de dollars de profits rien qu’en 2022, alors que l’industrie est responsable de la grande majorité des émissions de CO2.
À l’autre bout du monde, les événements climatiques extrêmes font déjà partie du quotidien des personnes. D’après certaines estimations, les pires impacts du réchauffement climatique, dont certains sont irréversibles, coûteraient entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030 aux pays en développement. La Corne de l’Afrique, dont la Somalie fait partie, est frappée par l’une des pires sécheresses subies depuis 40 ans. Les conséquences sont dramatiques : famine, déscolarisation, mariages forcés, excisions. Cette catastrophe qui s’aggrave d’année en année a mis en lumière le manque cruel de financements pour aider les populations à se remettre d’aplomb.

Selon l’organisation britannique Stamp out poverty, un tel mécanisme de taxation rapporterait jusqu’à 300 milliards de dollars par an qui pourraient alimenter le fonds pour les pertes et dommages dont le principe a été validé lors de la COP27 en novembre 2022.

crédits : Noémie Coissac pour Greenpeace

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Pour Pierre Terras, responsable des campagnes climat et énergie de Greenpeace France, « ce sommet ne doit pas être un énième exercice de greenwashing pour le Président Macron. À défaut de mettre en place une transition écologique juste et ambitieuse au niveau national, il a aujourd’hui l’obligation morale de s’engager sur une taxation des industries fossiles, qui doivent participer à la solidarité internationale à hauteur de leur responsabilité dans le chaos climatique. Nous espérons que le Président s’engagera enfin pour le climat, en soutenant le principe du pollueur, payeur. »

Selon Walter Mawere, coordinateur plaidoyer chez CARE Somalie, « c’est un casse-tête pourtant facilement résoluble. Comment aider les populations les plus vulnérables frappées de plein fouet par le changement climatique alors que les financements manquent cruellement ? Les industries super-pollueuses – qui se font des super profits en aggravant la crise climatique – doivent contribuer financièrement. Les profits des entreprises fossiles de ces 20 dernières années auraient pu couvrir 60 fois le coût des pertes climatiques dans les pays vulnérables. Ce n’est pas une question de solidarité ou de charité mais bien de dette que les super-pollueurs ont envers les populations du Sud et le reste de l’humanité. »

Enfin, pour Soraya Fettih, chargée de campagnes France chez 350.org, « cela fait plus de 50 ans que les entreprises d’énergies fossiles telles que TotalEnergies et Exxon connaissent les conséquences de leurs activités sur le climat et la biodiversité. 50 ans qu’ils mentent et ralentissent sciemment la lutte contre la crise climatique tout en battant chaque année de nouveaux records de profits. Nous n’avons plus le temps d’attendre ! Il y a urgence à agir pour mettre un terme au financement des énergies fossiles et aider les pays du Sud, plus vulnérables aux impacts de la crise, à passer immédiatement à une énergie propre, au lieu de faire semblant de les aider à s’adapter aux inévitables dommages causés par les projets fossiles. Nous appelons les responsables politiques de ce monde à se mettre du bon côté de l’Histoire en taxant les super-pollueurs. L’argent existe, allons le chercher directement auprès de ceux-là mêmes qui nous ont menés à cette crise. »

Pour faire entendre leurs demandes, les organisations proposent également de signer une pétition en ligne, Taxons les entreprises des énergies fossiles : nos vies avant leurs profits !