Survol de la centrale du Bugey : les militants de Greenpeace libérés, le nucléaire au coeur du débat
Paris, le 2 mai – Les deux militants de Greenpeace, interpellés suite au survol de la centrale du Bugey (Ain), ce matin sont sortis de garde à vue vers 20h. Ils sont convoqués au tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, le 17 octobre.
Après avoir survolé la centrale vers 7h40 et lâché des fumigènes sur le toit d’un des réacteurs, le pilote du paramoteur s’est posé à l’intérieur du site nucléaire, sans se blesser, contrairement aux déclarations publiques d’EDF. Il est ensuite resté une dizaine de minutes, tout seul. Puis il a été abordé par des ouvriers travaillant sur la centrale. Ce n’est qu’entre vingt et trente minutes plus tard que la police, puis les gendarmes du PSPG, sont arrivés et l’ont interpellé. Il est poursuivi pour avoir survolé « une zone protégée « .
L’autre militant a été interpellé alors qu’il se tenait devant l’entrée, pour confirmer aux responsables du site qu’il s’agissait bien de Greenpeace, au moment du survol de la centrale. Il est poursuivi pour avoir facilité le survol d’une zone protégée.
Tous deux encourent une peine d’un an de prison et jusqu’à 45 000 euros d’amende.
Le nucléaire à nouveau au cœur de la campagne présidentielle
Par cette opération, menée quatre jours avant le second tour de la présidentielle et le matin même du débat télévisé opposant François Hollande et Nicolas Sarkozy, Greenpeace a joué pleinement son rôle de contre-pouvoir citoyen. Greenpeace a illustré la vulnérabilité aérienne de nos installations nucléaires, qui n’est absolument pas prise en compte aujourd’hui, et remis au cœur de l’actualité la question du risque nucléaire, particulièrement maltraité durant la campagne électorale, comme d’ailleurs la plupart des dossiers liés à l’environnement.
Et lors du débat télévisé de ce soir, ils se sont contentés de répéter les positions prises durant la campagne, et qui dénotent du même déni du risque nucléaire…
S’agissant de Nicolas Sarkozy, sans surprise, aucune réaction suite à l’opération menée par Greenpeace au Bugey. Et ce soir, comme d’habitude, il a répété que le nucléaire français ne pose aucun problème de sûreté, refusant catégoriquement toute mise en cause de l’atome, tout débat avec et devant les Français, alors même que ceux-ci estiment à 84 % qu’ils ne sont pas suffisamment consultés sur le nucléaire et l’énergie. *
Quant à François Hollande, il a réagi ce matin à l’opération de Greenpeace, déclarant que Greenpeace a voulu démontrer qu’il y aurait des risques nouveaux d’insécurité sur les centrales. (…) Je fais confiance à l’Autorité de sûreté pour dire quels seraient les travaux qu’il conviendrait d’engager pour prévenir tout danger « . Il ignore manifestement qu’en France, l’ASN n’est pas en charge de la sécurité des sites nucléaires et qu’elle ne peut donc se saisir du problème exposé aujourd’hui par Greenpeace.
Par ailleurs, ce candidat a proposé un seul objectif précis concernant le nucléaire : la réduction de sa part dans le mix électrique français de 75 à 50 % à horizon 2025. Soit. Mais la seule précision qu’il apporte sur ce qu’il compte concrètement faire durant son quinquennat, s’il est élu, c’est fermer la centrale de Fessenheim, soit deux réacteurs. L’équation ne tient pas, impossible d’atteindre cet objectif. Et surtout, là aussi, déni total du risque qui menace les Français.
* Consulter ce sondage CSA/Greenpeace, réalisé les 19 et 20 mars 2012