Ce matin, l’administration Biden a annoncé une pause dans les processus d’autorisation de tous les nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié dont la construction est prévue sur la côte du golfe de Louisiane. La décision de la Maison Blanche pourrait avoir un impact direct sur plusieurs méga-projets fossiles ou « bombes climatiques ».
“Aujourd’hui, nous célébrons une incroyable victoire : celle des communautés riveraines impactées par la production de gaz de schiste, qui ont lutté sans relâche durant des années. Il s’agit d’une étape forte qui va définir les enjeux des prochaines élections américaines. Après l’annonce de cette suspension, la Maison Blanche doit maintenant acter définitivement l’arrêt de ces projets climaticides et avancer vers la sortie des énergies fossiles” commente Ebony Twilley-Martin, directrice exécutive de Greenpeace Etats-Unis.
Pour Greenpeace France, ce virage de l’administration Biden interroge sur les choix stratégiques de la France qui ne cesse de vanter le gaz comme une énergie de transition et qui a décidé de miser sur le gaz naturel liquéfié américain à la suite de la guerre en Ukraine.
Cette réponse de l’Europe et du gouvernement français à la crise énergétique, en plus d’aggraver la crise climatique, montre aujourd’hui son absurdité puisqu’elle n’a fait que renforcer notre dépendance aux énergies fossiles sans répondre à l’enjeu de souveraineté énergétique. Pour rappel, en 2023, le GNL américain représente près de la moitié des importations de GNL en France. [1]
“ Sous couvert de souveraineté énergétique, la France est passée d’une dépendance au gaz russe à une dépendance au GNL américain, principalement composé de gaz de schiste, en servant les intérêts de l’industrie fossile, ravie de pouvoir poursuivre sa logique d’expansion.
Alors que de nombreux projets gaziers américains pourraient de facto être arrêtés, le gouvernement français va-t-il encore répéter les mêmes erreurs en s’entêtant dans cette politique inepte ? Ou enfin réorienter sa politique énergétique en misant sur la sobriété, des mesures de réduction de la demande en gaz et sur le développement des énergies renouvelables ?” commente Edina Ifticène, chargée de campagne énergies fossiles à Greenpeace France.
Le terminal méthanier du Havre, mis en service par TotalEnergies en septembre dernier, est un symbole de ces mauvais choix politiques. Le gouvernement a choisi de développer une nouvelle infrastructure gazière climaticide dont l’inutilité a déjà été démontrée [2], et qui s’avère d’autant plus obsolète aujourd’hui avec cette annonce.
Notes aux rédactions :
[1] En 2023, le pourcentage de GNL américain dans les importations nettes globales en France étaient de 48.9 %. La France a importé 13,75 bcm (milliards de mètres cubes) de GNL américain sur un total de 28,1 bcm d’importations nettes. (Source: Refinitiv à partir des données GRTGaz).
[2] Voir l’investigation de Greenpeace France et Discole publiée en juin 2023