Selon un nouveau rapport de Greenpeace International réalisé avec l’association Stamp out poverty, taxer les grandes compagnies de combustibles fossiles rapporterait 900 milliards de dollars d’ici 2030. Ce nouveau budget serait levé pour aider les plus vulnérables à faire face aux dégâts liés aux catastrophes climatiques qui surviennent dans le monde entier.
Ce rapport intitulé « Climate Damages Tax », publié lundi 29 avril, propose que les pays de l’OCDE, en particulier les membres du G7, prennent l’initiative d’introduire une taxe sur les dommages climatiques, qui prendrait la forme d’une redevance sur l’extraction de chaque tonne de charbon, baril de pétrole ou mètre cube de gaz. Elle serait calculée à un taux constant en fonction de la quantité de CO2e contenue dans le combustible fossile (= taux initial bas de cinq dollars par tonne de CO2e, augmentant de cinq dollars par tonne chaque année). Il préconise également que la majeure partie du produit (80 %) soit transférée au Fonds pertes et dommages créé lors de la COP28 pour aider les pays en développement à réparer les dégâts causés par le réchauffement climatique.
De cette somme, 20 % – c’est-à-dire 180 milliards de dollars d’ici 2030 – seraient alloués au « dividende intérieur », c’est-à-dire redistribués au sein des pays de l’OCDE où la taxe est imposée pour soutenir les populations dans leur transition énergétique, par exemple en soutenant les mobilités douces.
Concrètement, la taxe sur les dommages climatiques pourrait être facilement perçue en s’appuyant sur les mécanismes de prélèvement de redevances qui existent déjà dans les pays où les entreprises concernées opèrent.
Pour Sarah Roussel, chargée de campagne Climat chez Greenpeace France :
« Les gouvernements ne peuvent pas continuer à laisser les citoyennes et citoyens payer la facture du changement climatique alors que des entreprises comme Shell et TotalEnergies engrangent des profits records grâce aux prix élevés de l’énergie. Cette taxe climat permettrait non seulement d’aider les pays les moins responsables de la crise climatique à faire face aux coûts des dégâts, mais elle permettrait également d’accélérer la transition vers l’abandon des combustibles fossiles dans le monde entier. En rendant leur production plus coûteuse et en augmentant progressivement le taux d’imposition chaque année, les compagnies s’en détourneraient naturellement. La combustion des énergies fossiles est toujours responsable de 86 % des émissions de CO₂ à l’échelle planétaire. Il faut sortir d’urgence de ce système qui multiplie les événements climatiques extrêmes et le nombre de leurs victimes. »
La publication de ce rapport intervient alors que les ministres du climat, de l’énergie et de l’environnement du G7 sont actuellement à Turin, en Italie, pour évoquer, entre autres, le financement de l’adaptation au changement climatique. Par ailleurs, le nouveau conseil d’administration du Fonds pertes et dommages lancé par la COP28 se réunit dès aujourd’hui à Abu Dhabi pour discuter de la manière dont le fonds sera financé.